Un petit papier mis en ligne par Capital sur le sujet est disponible sur leur site
Je vous en met la copie :
Faut-il respecter les dates limites de consommation ?
Surprise ! Les DLC indiquées sur les emballages ne doivent pas forcément être suivies à la semaine près. Tout dépend du type d’aliment. Inventaire.
Mangera, mangera pas ? Le pack de yaourts vous nargue, au milieu de votre réfrigérateur, avec sa date limite de consommation dépassée de quelques jours. Vous le prenez, hésitez, puis le mettez à la poubelle. Eh bien, vous avez tort ! Les Danone étaient encore parfaitement comestibles, malgré leur ancienneté. Vous avez, bien malgré vous, participé à cet étonnant gaspillage collectif que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a précisément chiffré : chaque Français jette en moyenne 7 kilos par an de produits non déballés.
Le phénomène n’est pas propre à notre pays. Outre-Manche aussi, on a la main leste et on met au rebut des montagnes d’aliments encore consommables. Du coup, les Britanniques ont décidé de supprimer la date de péremption quand elle ne présente pas de danger pour le consommateur. En France, dans ce cas, on utilise la mention DLUO, pour «date limite d’utilisation optimale». Celle-ci se retrouve sur les produits stables dans le temps, dont seules les qualités organoleptiques, c’est-à-dire goût, texture et couleur, sont susceptibles d’être altérées.
Le directeur adjoint du Centre technique de la conservation des produits agricoles, Guy Montlahuc, rappelle qu’un confit de canard conditionné dans un bocal en verre ou des raviolis dans une conserve en métal ne bougent quasiment pas : «Ces produits sont appertisés, donc montés en température entre 95 et 125 °C. Les germes ne peuvent pas s’y développer, même bien au-delà de la date indiquée.» Un exemple surprenant : certaines boîtes de sardines sont estampillées «millésimées» parce qu’elles vont jusqu’à se bonifier avec les années. En somme, on a une grande liberté avec ce type de denrées, comme avec les biscuits, les huiles, les pâtes sèches, etc.
Changement de rythme avec les DLC ou «date limite de consommation». Celles-là figurent sur tous les produits à conserver au frais et susceptibles d’être dangereux pour la santé au-delà d’une courte période. Comme ce sont les fabricants eux-mêmes qui déterminent ces dates, la question se pose inévitablement : calculent-ils court ou large ? Réponse d’Hubert Bazin, consultant en sécurité alimentaire : «D’un côté, les ingénieurs qualité militent pour que la DLC soit la plus courte possible afin de garantir une saveur optimale. De l’autre, les commerciaux veulent des périodes de vente plus longues pour limiter les pertes en rayon. Le résultat final procède d’un arbitrage entre les deux parties.»
On déduit de cette démonstration qu’il existe une marge pour certains aliments, mais pas pour d’autres (lire le détail page précédente). Les experts que nous avons interrogés conseillent la plus grande prudence avec le poisson et la viande, particulièrement lorsqu’il s’agit d’abats. Dans tous les cas, il faut faire confiance à son odorat. A l’inverse, confitures, conserves en verre, thés et même, plus étonnant, certaines charcuteries crues peuvent être consommés au-delà de leur DLC. Intéressant à savoir, car de plus en plus de grandes et moyennes surfaces mettent en vente, à des prix bradés et en les signalant clairement, des produits proches de leur date de péremption. De bonnes affaires en perspective ! Sauf pour les personnes à risque, préviennent les médecins : femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées… Dans leur cas, interdit de jouer, ne serait-ce que d’un seul jour, avec les DLC.
La "remballe", ou l’art de vendre de la viande périmée
Révélée dans les années 1990 à l’occasion de plusieurs scandales retentissants, la pratique de la «remballe», surtout dans la filière viande, n’a malheureusement pas disparu. Elle consiste à déballer une marchandise dont la date de péremption approche ou, pire, est déjà dépassée. Ensuite, le vendeur cache la misère en supprimant les zones défraîchies du morceau, notamment celles de couleur plus foncée. Il reste à remballer le tout en apposant une nouvelle vignette dont la date limite sera rallongée de deux à six jours.
Les affaires sortent souvent à la suite d’une dénonciation émanant de salariés contraints par leur direction de jouer les «remballeurs». Aux halles de Rungis, deux grossistes en viande nous ont confié que la remballe sévissait surtout dans la restauration collective, car la rotation des produits y est rapide et la transformation moins risquée (les aliments sont très cuits). Conseils, néanmoins, pour éviter d’en être victime dans votre supermarché : préférez les rayons dont le débit est important, regardez si la pièce semble avoir été retaillée et méfiez-vous des barquettes contenant de nombreux petits morceaux.
Pierre-Olivier Savreux
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