Salut,
à mon humble avis, l'abri anti-nucléaire est un reliquat de la guerre froide, et une évolution de l'abri anti-bombardements aérien de la seconde guerre. Les pays comme la Suisse en sont bien pourvus car leur construction est imposée par la loi. Il me semble que toute maison/construction devait en être équipée jusqu'à il n'y a pas si longtemps.
L'abri se montre utile avant tout si la population est entraînée et avertie à l'avance d'un danger imminent, d'où le mythique "Duck & Cover".
Cela se ressent même dans la doc française, type "Le Péril Atomique", que l'on retrouve régulièrement cité :
Je trouve que cela a un peu mal vieilli... est-ce que la doc sur ces construction a été mise à jour vis à vis des risques actuels ? J'ai l'impression que le traitement du sujet sur le net tourne plutôt avec des données du passé, et l'idée de pouvoir parer toutes les situations grâce à un bunker enterré au fond du jardin.
Perso, j'y vois plutôt un péril pécuniaire...
Toujours amha, il faut distinguer deux types de protection :
- bien entendu les effets mécaniques (souffles, objets & co), thermiques (brûlures, infra-rouges->UV) et d'irradiation (X et gamma). C'est à dire les effets directs d'une explosion nucléaire, qui dépendent lourdement de la puissance et du type de la bombe.
Pour que cela soit efficace, il faut bien entendu un système de détection et d'alerte efficaces.
- les retombées radioactives. Là on est face à différents ordres de grandeur entre les produits/fragments de fission, d'activation & co, toujours selon le type et la puissance. Une écrasante quantité d'émetteurs gamma décroît dans les premiers jours (donc avec une très forte activité). Les autres suivent également une décroissance assez "rapide", mais sur plusieurs semaines. C'est ce qui en gros pondère la date de sortie d'un abri, avec un compromis entre la capacité de confinement (eau/nourriture/déchets/filtres) et les risques à sortir prématurément. Le Césium 137 a une demi-vie de plus de 30 ans, mais ce n'est pas pour cela que Hiroshima et Nagasaki n'ont pas été reconstruites quelques années à peine après leur destruction. A noter que la prise d'iode stable peut diminuer le risque d'assimilation d'iode 131, mais ne protège pas du tout contre la centaine d'autres radionucléides.
Il y a également un risque de brûlures radiologiques les jours suivants, notamment par les retombées, les pluies, & co.
A sujet, je conseille l'excellent témoignage du docteur Michihiko Hachiya, qui raconte dans "Journal d'Hiroshima" les jours qui ont suivi l'explosion de la bombe :
Dans notre contexte, il faut évaluer le risque d'explosion de missile nucléaire vis à vis des autres risques "majeurs" : inondations, incendies (qui sont d'ailleurs un gros danger pour les abris en cas d'embrasement des villes), pandémie, révoltes, etc.
Par ailleurs, quel retour d'expérience tangible avons-nous des abris anti-atomiques ces cinquante dernières années ?
Concernant le risque avec les centrales, je pense qu'il est radicalement différent tant sur le moment que dans les conséquences. Est-ce que cela aurait valu le coup aux environs de Fukushima (sans compter le tsunami) ou de Tchernobyl ? Personnellement, je préfère me focaliser sur les compétences de protection NRBC...