J'ai repris un topic écrit sur un autre forum (forum sur lequel je ne vais plus pour des raisons d'éthique personnelle...).
Le voici ci-dessous.
Voici un topic que je voulais écrire depuis un moment déjà.
Depuis deux ans que je vis à Londres et que je m'interesse de près à l'outdoor / survival / prepping, et sans pour autant trop rentrer dans les détails, j'ai réussi à dinstinguer quelque catégories (à prendre au second voire 3e degré) :
1. Les tacticals
2. Les survivalistes
3. Les preppers
4. Les scouts
5. Les zombies hunters
Allons-y.
Les #1:
Bon on va dire que ce sont des doux dingues. On aime le matos sans tomber dans le paramilitaire. Allez, ne donnons pas de définition précise, je suis cerné...
Les #2:
On est dans le trip paumé en foret ou Castaway sur une île perdue avec pour seul pote un ballon de basket ensanglanté.
Ça bouffe des asticots version Bear Grills, et ça aime dormir dans un bivi bag avec des vents de 90 km/h avec 75 cm de neige. Rambo n'est pas si loin.
Les #3:
Ils sont sympas mais parfois un peu paranos. Ils ont 2 ans de boites de maïs Géant Vert à la cave, mais y'a un peu cette vision "film catastrophe" qui me dérange: on va tous mourir sauf moi grâce à mon stock de bouffe, mes chiottes résistantes à 280 megatonnes de déflagration nucléaire, et mon Opinel en porte-clefs.
Je caricature un peu mais parfois, c'est un peu ça...
Les #4:
On les connais, ils sont marrants avec leurs foulards et leurs culottes courtes. Ils se démerdent plutot pas mal pour construire des cabanes en bois mais sous le coup d'un gros stress psychologique, je sais pas trop ce que ça pourrait donner. Ok, Bear Grills était scout. Maintenant il fait le con à la TV, il a une gamme de fringue sous license et il touche des commissions de fou furieux grâce à son co-branding avec les produits Gerber (à gerber ? hahaha elle était facile celle-là)
Les #5:
Ils me font hurler de rire. C'est du 75ème degré à mes yeux mais pour eux, c'est clair, ce soir on va poutrer du Zombie. Et là, ça va sentir le pneu brûlé dans la Playstation.
D'un autre côté, j'ai jamais autant rigolé qu'en regardant le film Zombieland
Allez on redevient sérieux.
Je voudrais vous parler de mon expérience militaire qui remonte déjà à 18 ans en arrière.
A l'époque, y'avait encore des gugusses qu'on envoyait en Allemagne, y'avait encore des mecs assez motivés pour faire ce qu'il fallait pour pas nettoyer les toilettes pendant 1 an, y'avait des mecs qui pensaient que le service militaire n'était pas QUE un mauvais moment à passer et qu'on pouvait peut-être y apprendre quelquechose. J'ai fait partie de ces gars-là.
Mon sous-off instructeur était un ancien RPIMA (Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine) dont j'ai oublié le régiment. Peu importe comment il avait attérri dans notre régiment du Matériel, ce type avait passé plus de temps avec un Famas que moi au téléphone.
Les RPIMA, c'est du super lourd...et il n'était là ni pour rigoler, ni pour nous regarder enfiler des perles.
A l'époque, on pensait que juste au dessus il y avait la Legion Etrangère. Au final, les RPIMA sont des unités d'élite et j'ai cotoyé l'un de leurs officiers pendant 2 mois de classe.
Deux mois à en baver avec un gars un peu sadique mais qui voyait les choses très différement de tous ces couillons de 20/23 ans (dont je faisais partie) qui étaient sortis, contraints et forcés, de leur douillet cocon familial.
Parmi toutes les choses que cette personne m'a appris, une avait particulièrement retenu mon attention: la théorie des trois tiers.
Ici on ne va pas parler couteaux, ni survie, ni de quoi que ce soit. On va parler de préparation mentale face à une situation tellement critique qu'il va falloir agir vite et bien.
Ce que nous "sommes" et ce que nous "avons" va être réparti en TROIS TIERS:
1er tiers: equipement (votre matos d'une manière globale)
2e tiers: nourriture + eau (souvenez vous qu'on peut tenir maximum 3 jours sans boire)
3e tiers: armement
Pour survivre, vous avez absolument besoin de ces TROIS tiers. C'est du moins ce que vous pensez et ce serait sympa que ça reste comme ça.
Comme la vie est décidement injuste avec vous, vous allez PERDRE LES DEUX TIERS de votre équipement dans l'heure qui arrive. Et hop, envolé.
C'est marrant de se dire qu'un type qui se retrouve juste avec un fusil d'assaut mais sans bouffe ni flotte, et ben il va tenir juste 3 jours...voire beaucoup moins s'il est blessé.
L'autre il s'en est pas trop mal tiré, il a la bouffe et la flotte mais il est à 1 km de son binôme et il va se prendre une balle par le premier sniper qu'il va croiser.
Etc...etc...vous pouvez faire les combinaisons que vous voulez à l'infini. Bref, il va falloir improviser, réflechir et rassembler les quelques neuronnes qui sont en train de partir en sucette.
Voici l'idée:
Avec le dernier tiers qui vous reste, vous allez:
- Rester motivé et ne pas peter un câble.
- Rester autonome et ne pas rester scotché dans votre trou sans pouvoir en sortir.
- Essayer de récuper le plus que vous pouvez (matériellement, physiquement et mentalement), analyser la situation et essayer de vous en sortir.
Et c'est là que ça devient intéressant car on applique la redondance (ou on essaye).
Chacun des trois tiers possède un ou deux éléments qu'on va retrouver dans les autres tiers.
L'idée n'est pas d'avoir 3 couteaux et 3 gourdes mais que certains éléments, combinés avec d'autres, puissent avoir un peu le même usage (ou puissent vous aider à faire en sorte d'y arriver).
Baillonette = couteau
Ceinture / brelage / harnais = corde
Casque = gourde
Situation typique:
On arrive au campement, on nous demande de creuser des trous de combat.
Le coup classique, tout le monde enleve le sac à dos qui pèse le poids d'un piano à queue, le Famas à coté et le casque sur le sac. L'instructeur fait mine de partir, se planque et nous balance copieusement 3 grenades à plâtre sans prévenir.
Bilan: 4 mecs qui se sont explosé la tronche par terre (et oui, pas de casque) pris de panique en voulant se planquer vite fait.
5 mecs qui sont partis se planquer derrière les arbres...et leurs famas sont restés à 20 mètres derrière eux.
Une "simulation" de 9 gars au tapis sans armes dont 4 "blessés".
Applaudissements de la foule en délire.
Les jours qui ont suivi n'étaient pas tristes: on a dormi les rangers au pieds et le casque en guise d'oreiller...
On a donc appris qu'au mois de Février, un militaire trempé qui a oublié son poncho n'était pas super efficace car: trempé = froid = enrhumé = 40° de fièvre.
Un militaire qui ne retrouve pas son famas dans le noir, c'est très dommage et ça va se prendre 3 semaines de bouclard une fois revenu en garnison.
Un militaire qui n'a pas dormi ni mangé depuis trois jours, c'est très très dommage. Pour lui, l'avenir est tout vu: y'en a plus.
Et comme disait Michel Audiard (j'aime BEAUCOUP Michel Audiard): "un con debout ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis" (ou un truc dans ce genre).
L'analyse qui en a suivi était riche d'enseignements: nos actes, nos réactions, et leurs répercussions.
On a appris à gérer l'espace, anticiper, rationaliser l'eau et la bouffe en binome. Se dire que le temps était bien long sous la pluie et que les heures n'en finissaient plus..
On a appris comment préserver le dernier tiers qui nous restait et comment en tirer le maximum. On a essayé de nous apprendre, non pas comment utiliser normalement la totalité du matos à notre disposition, mais comment utiliser au MAXIMUM le peu de matos qui allait nous rester.
On a plus ou moins bien réussi, le mental a été décisif car psychologiquement, le fait de PERDRE le matos nous faisait prendre conscience que nos chances de réussite avaient baissé d'un seul coup de 66%. Finalement, on se repose beaucoup sur le matériel (y compris moi).
Quand on se rend compte qu'il ne reste plus qu'UN tiers, on se dis que ça fait plus beaucoup mais qu'il va falloir faire avec...
J'essaye maintenant de développer des choses qui ne s'achètent pas en 2 clics sur internet: la connaissance et la maitrise des techniques. Avoir peu mais connaitre le matos à fond et les yeux fermés.
Après, le matos ne fait pas tout et si je pête un câble à la première averse, "ma bite en kevlar et mon couteau en titane" ne pourront plus grand chose pour moi.
Le petit EDC (tout simple) que je trimballe sur moi est déjà un bon début, je m'amuse en apprenant par coeur des noeuds tout simples mais efficaces...
La créativité, c'est ce qui reste lorsque l'on a éteint l'ordinateur.
Bonne route à vous tous.
Le voici ci-dessous.
Voici un topic que je voulais écrire depuis un moment déjà.
Depuis deux ans que je vis à Londres et que je m'interesse de près à l'outdoor / survival / prepping, et sans pour autant trop rentrer dans les détails, j'ai réussi à dinstinguer quelque catégories (à prendre au second voire 3e degré) :
1. Les tacticals
2. Les survivalistes
3. Les preppers
4. Les scouts
5. Les zombies hunters
Allons-y.
Les #1:
Bon on va dire que ce sont des doux dingues. On aime le matos sans tomber dans le paramilitaire. Allez, ne donnons pas de définition précise, je suis cerné...
Les #2:
On est dans le trip paumé en foret ou Castaway sur une île perdue avec pour seul pote un ballon de basket ensanglanté.
Ça bouffe des asticots version Bear Grills, et ça aime dormir dans un bivi bag avec des vents de 90 km/h avec 75 cm de neige. Rambo n'est pas si loin.
Les #3:
Ils sont sympas mais parfois un peu paranos. Ils ont 2 ans de boites de maïs Géant Vert à la cave, mais y'a un peu cette vision "film catastrophe" qui me dérange: on va tous mourir sauf moi grâce à mon stock de bouffe, mes chiottes résistantes à 280 megatonnes de déflagration nucléaire, et mon Opinel en porte-clefs.
Je caricature un peu mais parfois, c'est un peu ça...
Les #4:
On les connais, ils sont marrants avec leurs foulards et leurs culottes courtes. Ils se démerdent plutot pas mal pour construire des cabanes en bois mais sous le coup d'un gros stress psychologique, je sais pas trop ce que ça pourrait donner. Ok, Bear Grills était scout. Maintenant il fait le con à la TV, il a une gamme de fringue sous license et il touche des commissions de fou furieux grâce à son co-branding avec les produits Gerber (à gerber ? hahaha elle était facile celle-là)
Les #5:
Ils me font hurler de rire. C'est du 75ème degré à mes yeux mais pour eux, c'est clair, ce soir on va poutrer du Zombie. Et là, ça va sentir le pneu brûlé dans la Playstation.
D'un autre côté, j'ai jamais autant rigolé qu'en regardant le film Zombieland
Allez on redevient sérieux.
Je voudrais vous parler de mon expérience militaire qui remonte déjà à 18 ans en arrière.
A l'époque, y'avait encore des gugusses qu'on envoyait en Allemagne, y'avait encore des mecs assez motivés pour faire ce qu'il fallait pour pas nettoyer les toilettes pendant 1 an, y'avait des mecs qui pensaient que le service militaire n'était pas QUE un mauvais moment à passer et qu'on pouvait peut-être y apprendre quelquechose. J'ai fait partie de ces gars-là.
Mon sous-off instructeur était un ancien RPIMA (Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine) dont j'ai oublié le régiment. Peu importe comment il avait attérri dans notre régiment du Matériel, ce type avait passé plus de temps avec un Famas que moi au téléphone.
Les RPIMA, c'est du super lourd...et il n'était là ni pour rigoler, ni pour nous regarder enfiler des perles.
A l'époque, on pensait que juste au dessus il y avait la Legion Etrangère. Au final, les RPIMA sont des unités d'élite et j'ai cotoyé l'un de leurs officiers pendant 2 mois de classe.
Deux mois à en baver avec un gars un peu sadique mais qui voyait les choses très différement de tous ces couillons de 20/23 ans (dont je faisais partie) qui étaient sortis, contraints et forcés, de leur douillet cocon familial.
Parmi toutes les choses que cette personne m'a appris, une avait particulièrement retenu mon attention: la théorie des trois tiers.
Ici on ne va pas parler couteaux, ni survie, ni de quoi que ce soit. On va parler de préparation mentale face à une situation tellement critique qu'il va falloir agir vite et bien.
Ce que nous "sommes" et ce que nous "avons" va être réparti en TROIS TIERS:
1er tiers: equipement (votre matos d'une manière globale)
2e tiers: nourriture + eau (souvenez vous qu'on peut tenir maximum 3 jours sans boire)
3e tiers: armement
Pour survivre, vous avez absolument besoin de ces TROIS tiers. C'est du moins ce que vous pensez et ce serait sympa que ça reste comme ça.
Comme la vie est décidement injuste avec vous, vous allez PERDRE LES DEUX TIERS de votre équipement dans l'heure qui arrive. Et hop, envolé.
C'est marrant de se dire qu'un type qui se retrouve juste avec un fusil d'assaut mais sans bouffe ni flotte, et ben il va tenir juste 3 jours...voire beaucoup moins s'il est blessé.
L'autre il s'en est pas trop mal tiré, il a la bouffe et la flotte mais il est à 1 km de son binôme et il va se prendre une balle par le premier sniper qu'il va croiser.
Etc...etc...vous pouvez faire les combinaisons que vous voulez à l'infini. Bref, il va falloir improviser, réflechir et rassembler les quelques neuronnes qui sont en train de partir en sucette.
Voici l'idée:
Avec le dernier tiers qui vous reste, vous allez:
- Rester motivé et ne pas peter un câble.
- Rester autonome et ne pas rester scotché dans votre trou sans pouvoir en sortir.
- Essayer de récuper le plus que vous pouvez (matériellement, physiquement et mentalement), analyser la situation et essayer de vous en sortir.
Et c'est là que ça devient intéressant car on applique la redondance (ou on essaye).
Chacun des trois tiers possède un ou deux éléments qu'on va retrouver dans les autres tiers.
L'idée n'est pas d'avoir 3 couteaux et 3 gourdes mais que certains éléments, combinés avec d'autres, puissent avoir un peu le même usage (ou puissent vous aider à faire en sorte d'y arriver).
Baillonette = couteau
Ceinture / brelage / harnais = corde
Casque = gourde
Situation typique:
On arrive au campement, on nous demande de creuser des trous de combat.
Le coup classique, tout le monde enleve le sac à dos qui pèse le poids d'un piano à queue, le Famas à coté et le casque sur le sac. L'instructeur fait mine de partir, se planque et nous balance copieusement 3 grenades à plâtre sans prévenir.
Bilan: 4 mecs qui se sont explosé la tronche par terre (et oui, pas de casque) pris de panique en voulant se planquer vite fait.
5 mecs qui sont partis se planquer derrière les arbres...et leurs famas sont restés à 20 mètres derrière eux.
Une "simulation" de 9 gars au tapis sans armes dont 4 "blessés".
Applaudissements de la foule en délire.
Les jours qui ont suivi n'étaient pas tristes: on a dormi les rangers au pieds et le casque en guise d'oreiller...
On a donc appris qu'au mois de Février, un militaire trempé qui a oublié son poncho n'était pas super efficace car: trempé = froid = enrhumé = 40° de fièvre.
Un militaire qui ne retrouve pas son famas dans le noir, c'est très dommage et ça va se prendre 3 semaines de bouclard une fois revenu en garnison.
Un militaire qui n'a pas dormi ni mangé depuis trois jours, c'est très très dommage. Pour lui, l'avenir est tout vu: y'en a plus.
Et comme disait Michel Audiard (j'aime BEAUCOUP Michel Audiard): "un con debout ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis" (ou un truc dans ce genre).
L'analyse qui en a suivi était riche d'enseignements: nos actes, nos réactions, et leurs répercussions.
On a appris à gérer l'espace, anticiper, rationaliser l'eau et la bouffe en binome. Se dire que le temps était bien long sous la pluie et que les heures n'en finissaient plus..
On a appris comment préserver le dernier tiers qui nous restait et comment en tirer le maximum. On a essayé de nous apprendre, non pas comment utiliser normalement la totalité du matos à notre disposition, mais comment utiliser au MAXIMUM le peu de matos qui allait nous rester.
On a plus ou moins bien réussi, le mental a été décisif car psychologiquement, le fait de PERDRE le matos nous faisait prendre conscience que nos chances de réussite avaient baissé d'un seul coup de 66%. Finalement, on se repose beaucoup sur le matériel (y compris moi).
Quand on se rend compte qu'il ne reste plus qu'UN tiers, on se dis que ça fait plus beaucoup mais qu'il va falloir faire avec...
J'essaye maintenant de développer des choses qui ne s'achètent pas en 2 clics sur internet: la connaissance et la maitrise des techniques. Avoir peu mais connaitre le matos à fond et les yeux fermés.
Après, le matos ne fait pas tout et si je pête un câble à la première averse, "ma bite en kevlar et mon couteau en titane" ne pourront plus grand chose pour moi.
Le petit EDC (tout simple) que je trimballe sur moi est déjà un bon début, je m'amuse en apprenant par coeur des noeuds tout simples mais efficaces...
La créativité, c'est ce qui reste lorsque l'on a éteint l'ordinateur.
Bonne route à vous tous.
