Latrines et feuillées

Nous allons aborder le sujet très important du "Pipi Caca"   

Je plaisante ?

Ben..... non.

C'est tout aussi important que d'avoir un abri et de l'eau potable.

Le problème des latrines se pose depuis...... très longtemps...
voici des latrines romaines :


Si durant une sortie, ou une période courte on peut se permettre de euh.... "déposer le bilan"   avec un minimum de préparation (un simple trou que l'on recouvrira l'affaire faite), il en est tout autrement pour un campement de moyenne ou de longue durée (le problème s'accroit avec le nombre de personnes à ce campement).

Il serait dommage qu'un manque de préparation ne vienne empuantir votre campement, ou pire... souiller votre source d'eau !

Pour une courte période, un simple feuillée suffira.

Il suffit de faire attention aux vents dominants et à la proximité d'une source d'eau (afin de ne pas contaminer celle-ci).

Pour un campement de longue durée, il faut par contre investir en temps et en travail.

Il faut creuser un trou d'une profondeur minimum de 2 m et d'1,20 m de largeur, le fond du trou peut être légèrement moins large (pour éviter un affaissement), on peut "maçonner" les 50 premiers centimètres du trou pour également éviter un affaissement (sans faire de mauvais jeu de mots... ce serait "chiant" de tomber dedans).

Pour le confort (et l'intimité) on peut prévoir une cabine (ce peut être que de simples bâches tendues sur des piquets, et une en guise de toit).

Il faut veiller également à laisser à disposition de la cendre (ou à défaut de la terre) que l'on jettera sur nos selles pour atténuer les odeurs (attention, nous ne sommes pas dans des WC, donc ne pas jeter de sceau d'eau).

La latrine est presque pleine ? il est temps d'en creuser une nouvelle (et de recouvrir la première).

La seconde latrine est pleine à son tour ? cela fait minimum un an que vous avez fermé la première ? si oui vous pouvez récupérer vos "oeuvres" et vous en servir comme engrais naturel   

Question qui reste dans le ton du sujet: pourquoi ne peut-on réutiliser nos excréments immédiatement pour fertiliser ?

Car on ingurgite trop de saloperie pour la culture : médoc, mal bouffe, etc... De plus, il faut laisser le temps que nos bactéries et autres truc du genre soient mortes avant d'épandre. Sinon, risque de "pollution".

Sinon, on défèque dans une TS à la maison. Et j'ai 20 d'expérience de feuillée derrière moi   

C'est vrai que c'est important de s'y connaitre dans cet domaine . Merci Nemrod pour évoquer le sujet   

Travail obligatoire dans un campement !   
Sujet auquel on ne pense pas forcément...

cactus a écrit:Travail obligatoire dans un campement !   
Sujet auquel on ne pense pas forcément...

Tout à fait d'accord !
Quand j'ai commencé à profiter de mon petit campement, c'était loin d'être une priorité.
Quand l'envie s'est faite pressante, il a bien fallu s'y mettre !
Et loin du campement, de préférence   

H.S. une bonne machette est très bien adaptée pour creuser  

Pour une ou deux personnes en bivouac, une truelle s'avère très utile pour creuser et recouvrir. Ça ne coûte rien, ne pèse rien et ne prend pas de place.

On creuse en arrivant, pour palier à un besoin pressant, on recouvre sommairement, puis on enterre et tasse soigneusement avant de quitter les lieux.

Nemrod a écrit:

C'est tout aussi important que d'avoir un abri et de l'eau potable.

Le problème des latrines se pose depuis...... très longtemps...

Pour une courte période, un simple feuillée suffira.

Il suffit de faire attention aux vents dominants et à la proximité d'une source d'eau (afin de ne pas contaminer celle-ci).

Pour un campement de longue durée, il faut par contre investir en temps et en travail.

Il faut creuser un trou d'une profondeur minimum de 2 m et d'1,20 m de largeur, le fond du trou peut être légèrement moins large (pour éviter un affaissement),

Creuser une tranchée de 2 mètres de profondeur, c'est un sacré boulot ! Une question de néophyte, pourquoi si profond ?

C'est une question de contenance, un grand trou pour être tranquille longtemps ou d'hygiène ?
De mémoire pour enterrer mon vieux chien dans mon jardin, c'est à un mètre de profondeur que lé vétérinaire m'avait demandé de creuser puis de mettre de la chaux vive.

Est-ce que le fait que la terre soit essentiellement faite de marne poserait un problème particulier, à part que l'eau ne pourra s'en évacuer facilement ?

Comment s'essuyer aussi ?
Pour une courte période PQ, mouchoirs,sopalin mais si c'est plus long vous utiliserez quoi ? Des feuilles, un tissu à laver ?

2m cela permet d'avoir un délai avant de le remplir avec les excréments et la terre (ou sciure ou cendres) que l'on mettre dessus pour éviter les odeurs.

Pour s'essuyer... un morceau de tissus qu'il faudra laver après chaque utilisations (et n'utiliser que pour ça).

Ok merci de l'éclaircissement sur la profondeur nécessaire des latrines.

Donc cela est confirmé et par voie de conséquence, le gros boulot pour les creuser aussi ! Il faudrait peut-être les construire dès maintenant avec une séance de tracto-pelle puis avec remplissage par du sable (c'est facile à retirer ) et une couche de terre végétale pour mettre dessus un beau massif de plantes aromatiques.  

Pour le PQ, les Indiens n'en utilisent pas, pour eux, c'est simplement lavage avec de l'eau. Bien sûr, il faut se laver les mains après, et ce comme toujours.

D'accord merci pour les infos

Est-il vrai que les Chinois récupèrent les déjections humaines pour faire de l'engrais agricole ? Quelqu'un a des lumières là-dessus ?

Je sais que même au les boues de fosses septiques sont récupérées et dispersées dans les champs de culture, à l'automne.

Je sais que les toilettes sèches, au bout d'un an donnent une terre très belle, riche et... qui sent bon !

Le problème des latrines occidentales c'est l'eau.

Car dans le monde de la bactérie, l'on peut les diviser en 3 grandes familles. Les bonnes 10% (comme des Jedi), les neutres 80%, et les mauvaises 10% (comme les Sith).
Dès que les bonnes ou mauvaises prennent l'ascendance en étant 1% de plus, les neutres suivent le mouvement et c'est la cascade des bonnes ou des mauvaises bactéries.

Nos excréments sont de la matière organique avec un beau mélange de merde dues à nos mauvaises habitudes alimentaires et médicinales des 80 dernières années.

Cette matière organique doit être compostée pour devenir de l'humus (c'est la minéralisation) et ce phénomène, si il est bien effectué, brûle (plutôt casse) les molécules compliqués de nos produits chimiques ingérés pour la contraception, les nitrates de la charcuterie, et compagnie...

Bref, pour que le travail soit bien effectué, nous devrions composter nos excréments (le caca) dans de la sciure fine de bois, afin d'absorber tous les liquides. L'objectif étant de composter en aérobie (avec oxygène) pour faciliter le boulot des bonnes bactéries, afin de créer de l'humus (qui sent le terreau de forêt)

Toute matière organique, avec trop d'humidité, ça sent mauvais, à cause justement du travail des mauvaises bactéries (en réalité elles nettoient) qui vont l'a faire moisir car le travail est fait en anaérobie (grosso modo : trop d'eau = plus d'oxygène) et qui plus est, les quelques éléments nutritifs comme l'azote, phosphore, potassium, sont lessivés et partent plutôt que d'être stockés dans le compost mûr.

Et nous en occident, on chie dans l'eau (potable qui plus est...)

Pour bien faire, les urines devraient être récupérées à part, dans de la sciure, pour bien absorber les liquides, puis composté car l'urée est une molécule complexe comprenant de l'azote.

Donc pour répondre à la question, bien sur que certains chinois (pas tous...) et surtout beaucoup d'autres personnes dans le monde (même des occidentaux), récupèrent les excréments (la matière organique) pour l'a composter et fertiliser les champs ensuite.

Nos anciens, avant le grand avènement de l'industrie chimique et la création des engrais après la seconde guerre mondiale, faisaient déjà comme cela. L'idéal étant de mélanger la matière organique des mono-gastriques (issue des humains, cochons, chevaux) et de la matière organique poly-gastriques (issue des ruminants : vaches, agneaux...) car les bactéries ne sont pas les mêmes et la diversité, même dans le monde microbien, c'est important, toujours pour éviter le déséquilibre Jedi/Sith.

Un bon compost doit être surveillé et entretenu. Un bon équilibre entre matière organique (souvent humide et très azoté) et du carbone pur (du bois, de la sciure, charbon,...)
On dit souvent C/N=1.  Le rapport Carbone sur Azote égale à 1, soit 50%-50% (Attention, on parle de poids et non de volume)
L'humidité ne doit pas être trop élevé justement pour éviter la moisissure et le lessivage, mais il en faut afin que le travail des bactéries s'effectuent convenablement. Ce travail fait monter en température, jusqu'à 60° dans l'idéal, ce qui permet de purifier celui-ci, des produits dégueux dont je parle plus haut (médicinale, alimentaire...)

Souvent, on ne compost que de la matière organique d'origine végétale : des déchets verts, de cuisines, de légumes etc...
Soit parce que la personne qui le fait, ne sait pas comment faire, soit parce qu'elle n'a pas les moyens et la place de bien s'en occuper.
Mais l'on peut composter de la matière organique d'origine animale (excréments, os, viande, poils,...) si l'on gère bien la montée en température.

Le risque d'un mauvais compostage de matière organique d'origine animale, c'est de ne pas tuer les mauvaises bactéries pendant la montée en température et de propager des maladies par la suite : Escherichia coli pour la plus connue.
L'inconvénient si l'on composte n'importe quoi, n'importe comment, c'est de créer un jus concentré de métaux lourds due aux matériaux de départ, car les métaux lourds ne sont pas éliminés par le compostage.
L'autre inconvénient si l'on ne surveille pas la montée en température et qu'on laisse faire, c'est de tout bruler et l'on se retrouve avec un gros tas de cendre qui ne vaut plus rien.

très intéressant, et instructif, merci Tibaldog

Passionnant !

Mais alors, mais alors, comment faire un bon compostage de nos si précieuses déjections ? As-tu des techniques pour "faire" ça convenablement ?

Et bien oui, c'est simplement le principe des toilettes sèches. Une fois ton sceau rempli (mix de 50-50 sciure/paille et matière organique), tu le dépose dans ton compost.

Si dans ton foyer, personne ne prend de médicaments, et si vous n'êtes pas une majorité de femmes qui prennent la pilule contraceptive, c'est très simple. Tu dépose dessus à chaque fois, avec tes déchets verts, tes déchets de cuisines et tu peux laisser agir simplement et au bout de 6 à 9 mois, tu auras un compost mûr ou du terreau, selon la région où tu vis, la chaleur, l'humidité, le vent etc...

Sinon, comme expliqué, il est nécessaire de surveiller, surtout si tu y ajoutes des os et des restes de viandes etc... L'idéal est un compost à retournement manuel de 1m3, et tous les 10-15 jours, tu mets un tour de manivelle pour que ça se mélange bien et que la minéralisation se fasse uniformément afin de monter en température partout (la T°C grimpe au centre et rayonne, donc sur une butte, ça n'est jamais uniforme)
On utilise aussi un thermomètre pour les gros andins de compost, avec une longue tige, pour connaître à cœur, la T°C et éviter qu'elle ne monte trop haut (si c'est le cas, on remue, mais si c'est fait régulièrement il y a moins de risque)

Un compost familiale c'est relativement simple à faire mais il faut connaître les histoires de minéralisation afin que ça ne sente pas mauvais et éviter l'intoxication (M.O. d'origine animale) si vous le réutilisez dans le potager ensuite.

Et il faut toujours avoir du carbone en stock pour ajouter une couche en lasagne à chaque fois que tu déposes quelque chose. De la paille, de la sciure, des copeaux de bois, des trucs fins et petits qui se décomposeront plus facilement. Les champignons s'occuperont du carbone après que les cloportes aient entamé le boulot. Faut pas s'inquiéter de les voir.
Puis les bactéries entre en jeu, et enfin, les vers de terre à la toute fin, arriveront certainement pour mélanger tout ça avec de la terre. Tout ceci dans le potager, en surface, permet d'avoir le complexe argilo-humique, le garde manger du sol, qui permet d'avoir de beaux légumes bio sans ajouts abusé d'engrais.

=> Cercle vertueux.

Eh bien, quelle magnifique explication.

Mais je n'en suis pas encore aux toilettes sèches, puisque je suis en appartement. Ça viendra. Il est toujours bon de savoir ces choses, d'en entendre parler, ça prépare.