Bonjour,
Comme indiqué en présentation, je découvre un peu ce forum. Je m'y suis intéressé après une expérience tentée avec deux amis, qui consistait à aller passer trois jours au milieu de rien et de voir comment on s'en sortait avec le minimum syndical.
Je rédige donc ce topic pour partager l'expérience !
Pour détailler un peu nos profils : nous étions trois adultes, en bonne santé, absolument inexpérimentés en termes de camping / survie / randonnée / trucs sans connexion internet et machine à café automatique, et avions eu l'idée de tester notre capacité à nous débrouiller en nature -et c'est là que vous avez le droit de me jeter des pierres- après avoir regardé l’inénarrable Bear Grills bouffer des vers de terres et construire des cabanes en bouse de mammouth.
Nous avions donc : Alex (radiologue, en sweetshirt gris N7) ; Germain, tailleur de pierres (en T shirt bleu avec chapeau de cow boy) et Thomas (en l'occurrence moi, recruteur, le blond de la triplette).
En fait, l'idée de départ était la suivante : si un homme entraîné et bourré de connaissances est capable de tenir quinze jours sans rien, nous étions nous même bien petits et bien incapables de faire la même chose, même en prenant le temps de se renseigner et d'apprendre en théorie un certain nombre de techniques de base de survie. Donc, si nous testions de nous mettre dans une situation similaire (bien qu'un peu plus contrôlée et bien plus près de la civilisation), à quel moment allions nous nous rendre compte que la difficulté était trop importante pour nous ?
Une seule façon de le savoir : tenter le coup.
LE PRINCIPE :
- 3 jours et deux nuits, loin de tout
- le minimum de matériel
- le minimum de provisions, avec l'objectif de manger ce que l'on trouve
- garder à l'esprit constamment le facteur sécurité et la conscience de notre propres limites
- se servir le moins possible du matériel amené (provisions incluses), et simuler si possible des conditions de survie avec préparation.
LE SITE :
Nous avons donc mobilisé quelques copains (qui nous ont lâché en cours de route) et avons fini par décider de partir à trois, en Savoie, sur un site qui présentait les conditions suivantes (et non négociables) :
- éloigné de l'activité humaine, au moins d'une demi-journée de marche, afin d'éviter d'être ennuyés par un garde forestier ou un troupeau accompagné d'un patou.
- hors de toute zone protégée (parcs, réserves, etc) pour éviter de dégrader un milieu fragile
- dans une zone ne craignant pas l'incendie (aucun d'entre nous n'avait envie de se prendre un canadair sur la gueule).
-suffisamment en altitude pour être confrontés au froid (nous avons finalement installé notre camp à environ 2000 mètres d'altitude).
- suffisamment bien couvert par le réseau satellite pour pouvoir appeler des secours en cas de GROS problème.
Nous nous sommes donc installés au dessus de Modane, près du lieu dit "Le Rialet" (pour ceux qui connaissent... ou qui voudraient tenter le coup).
LE MATERIEL :
Comme l'expérience date d'un an, il est possible que j'en oublie ; mais en gros, nous sommes partis avec les objets suivants :
Pour la sécurité :
- une carte IGN de la zone (que nous découvrions donc)
- des téléphones (chargés et éteints, sauf une demi heure par jour pour donner des nouvelles)
- une trousse de secours pour parer aux possibles bobos contenant un peu de bandage, d'antihystaminiques, d'anti-inflammatoires et d'anti-douleurs légers (plus deux ou trois autres trucs dont je ne me souviens pas).
- une caméra (parce que nos femmes respectives ne nous auraient jamais cru sans ça)
- une lampe de poche à dynamo
- un manuel de survie (pour avoir des plans de pièges et des photos de plantes comestibles et toxiques)
Pour la bouffe :
- un sachet de coquillettes, 500g.
- un pack de 6 merguez
- quelques barres de céréales
- quelques dosettes de café lyophilisé (non négociable, bordel !)
- un tube de lait concentré sucré
Pour le général :
- deux bâches
- deux couvertures de survie
- un duvet chacun
- une tenue chaude par personne, incluant des chaussures correctes
- un duvet (basique) par personne
- un paquet de cartes
Pour le matériel plus spécifique :
- deux popottes
- deux bouteilles en plastique
- quelques mètres de corde
- une firesteel décathlon
- un bon couteau polyvalent chacun
- une machette (une goyarde, pour être précis)
- une micropelle / machette / truc polyvalent plat et large d'environ 25 cm x 10 cm
- une pince coupante
- du câble fin (nous avions dans l'idée de poser des collets, naïfs que nous étions)
POUR LE DEROULEMENT :
Le sage a dit : petit dessin vaut mieux que long discours. Vous trouverez donc ci-dessous un lien vers une vidéo youtube d'environ 35 minutes, reprenant les quelques séquences filmées, montées bout à bout par un copain.
POUR L'ANALYSE APRES COUP :
D'abord, c'était une expérience très agréable et très instructive. Nous avons tenté beaucoup de choses, dont un paquet n'ont pas marché, mais dont certaines -essentielles- se sont avérées réalisables.
Il serait long de toutes les détailler, mais pour les principales :
- allumer un feu n'est pas si compliqué... à condition d'avoir beaucoup de temps devant soi. Nous ne nous y étions pas pris à la dernière minute, et nous avons bien fait : il nous a fallu une bonne heure et demie le premier jour pour arriver à fait partir un peu correct et durable !
- il est illusoire d'espérer trouver à manger sur la route (en tout cas à cet endroit et en cette saison) : nous avons en tout et pour tout réussi à trouver des orties que nous avons consommé en soupe ("pâtée dégueulasse" serait plus exact) ; mais nos tentatives pour attraper un animal nous ont surtout permis de savoir que le braconnage et la chasse ne s'inventent pas et ne s'apprennent pas dans les livres
- le froid et la fatigue viennent plus vite et plus fort que ce que nous pensions ; cela dit, avec une gestion intelligente du ratio énergie dépensée / énergie accumulée, n'importe qui (même nous !)peut s'en accommoder longtemps.
- une partie du matériel n'était pas adapté (machette trop lourde, micropelle inutile, bâches superflues dans notre contexte...)
- construire un abri prend un temps considérable, surtout pour trois, et demande beaucoup d'énergie ; là encore nous avions décidé de nous y prendre tôt, et nous avons bien fait.
- la nuit a été la partie la plus difficile de l'expédition, entre le froid, la pente, les rochers, etc... le terrain aurait pu être mieux choisi que celui que nous avons retenu, et nous avons eu du mal à récupérer de l'énergie en dormant !
et surtout...
- avec un peu de bons renseignements, de bons camarades, de bon sens et de quelques pièces d'équipement obligatoires (couteau / couverture / contenant / firesteel), ce genre d'excursion est en fait à la portée de tout le monde ou presque. Et ça vaut le coup !
Du coup, cette année, on remet ça. On embarquera sans doute plus de nourriture et moins de poids inutile. Et on devrait en profiter pour expérimenter d'autres types d'abris, et ré-essayer de capturer un animal !
Les commentaires sont évidemment les bienvenus, les conseils aussi, les idées également !
Comme indiqué en présentation, je découvre un peu ce forum. Je m'y suis intéressé après une expérience tentée avec deux amis, qui consistait à aller passer trois jours au milieu de rien et de voir comment on s'en sortait avec le minimum syndical.
Je rédige donc ce topic pour partager l'expérience !
Pour détailler un peu nos profils : nous étions trois adultes, en bonne santé, absolument inexpérimentés en termes de camping / survie / randonnée / trucs sans connexion internet et machine à café automatique, et avions eu l'idée de tester notre capacité à nous débrouiller en nature -et c'est là que vous avez le droit de me jeter des pierres- après avoir regardé l’inénarrable Bear Grills bouffer des vers de terres et construire des cabanes en bouse de mammouth.
Nous avions donc : Alex (radiologue, en sweetshirt gris N7) ; Germain, tailleur de pierres (en T shirt bleu avec chapeau de cow boy) et Thomas (en l'occurrence moi, recruteur, le blond de la triplette).
En fait, l'idée de départ était la suivante : si un homme entraîné et bourré de connaissances est capable de tenir quinze jours sans rien, nous étions nous même bien petits et bien incapables de faire la même chose, même en prenant le temps de se renseigner et d'apprendre en théorie un certain nombre de techniques de base de survie. Donc, si nous testions de nous mettre dans une situation similaire (bien qu'un peu plus contrôlée et bien plus près de la civilisation), à quel moment allions nous nous rendre compte que la difficulté était trop importante pour nous ?
Une seule façon de le savoir : tenter le coup.
LE PRINCIPE :
- 3 jours et deux nuits, loin de tout
- le minimum de matériel
- le minimum de provisions, avec l'objectif de manger ce que l'on trouve
- garder à l'esprit constamment le facteur sécurité et la conscience de notre propres limites
- se servir le moins possible du matériel amené (provisions incluses), et simuler si possible des conditions de survie avec préparation.
LE SITE :
Nous avons donc mobilisé quelques copains (qui nous ont lâché en cours de route) et avons fini par décider de partir à trois, en Savoie, sur un site qui présentait les conditions suivantes (et non négociables) :
- éloigné de l'activité humaine, au moins d'une demi-journée de marche, afin d'éviter d'être ennuyés par un garde forestier ou un troupeau accompagné d'un patou.
- hors de toute zone protégée (parcs, réserves, etc) pour éviter de dégrader un milieu fragile
- dans une zone ne craignant pas l'incendie (aucun d'entre nous n'avait envie de se prendre un canadair sur la gueule).
-suffisamment en altitude pour être confrontés au froid (nous avons finalement installé notre camp à environ 2000 mètres d'altitude).
- suffisamment bien couvert par le réseau satellite pour pouvoir appeler des secours en cas de GROS problème.
Nous nous sommes donc installés au dessus de Modane, près du lieu dit "Le Rialet" (pour ceux qui connaissent... ou qui voudraient tenter le coup).
LE MATERIEL :
Comme l'expérience date d'un an, il est possible que j'en oublie ; mais en gros, nous sommes partis avec les objets suivants :
Pour la sécurité :
- une carte IGN de la zone (que nous découvrions donc)
- des téléphones (chargés et éteints, sauf une demi heure par jour pour donner des nouvelles)
- une trousse de secours pour parer aux possibles bobos contenant un peu de bandage, d'antihystaminiques, d'anti-inflammatoires et d'anti-douleurs légers (plus deux ou trois autres trucs dont je ne me souviens pas).
- une caméra (parce que nos femmes respectives ne nous auraient jamais cru sans ça)
- une lampe de poche à dynamo
- un manuel de survie (pour avoir des plans de pièges et des photos de plantes comestibles et toxiques)
Pour la bouffe :
- un sachet de coquillettes, 500g.
- un pack de 6 merguez
- quelques barres de céréales
- quelques dosettes de café lyophilisé (non négociable, bordel !)
- un tube de lait concentré sucré
Pour le général :
- deux bâches
- deux couvertures de survie
- un duvet chacun
- une tenue chaude par personne, incluant des chaussures correctes
- un duvet (basique) par personne
- un paquet de cartes
Pour le matériel plus spécifique :
- deux popottes
- deux bouteilles en plastique
- quelques mètres de corde
- une firesteel décathlon
- un bon couteau polyvalent chacun
- une machette (une goyarde, pour être précis)
- une micropelle / machette / truc polyvalent plat et large d'environ 25 cm x 10 cm
- une pince coupante
- du câble fin (nous avions dans l'idée de poser des collets, naïfs que nous étions)
POUR LE DEROULEMENT :
Le sage a dit : petit dessin vaut mieux que long discours. Vous trouverez donc ci-dessous un lien vers une vidéo youtube d'environ 35 minutes, reprenant les quelques séquences filmées, montées bout à bout par un copain.
POUR L'ANALYSE APRES COUP :
D'abord, c'était une expérience très agréable et très instructive. Nous avons tenté beaucoup de choses, dont un paquet n'ont pas marché, mais dont certaines -essentielles- se sont avérées réalisables.
Il serait long de toutes les détailler, mais pour les principales :
- allumer un feu n'est pas si compliqué... à condition d'avoir beaucoup de temps devant soi. Nous ne nous y étions pas pris à la dernière minute, et nous avons bien fait : il nous a fallu une bonne heure et demie le premier jour pour arriver à fait partir un peu correct et durable !
- il est illusoire d'espérer trouver à manger sur la route (en tout cas à cet endroit et en cette saison) : nous avons en tout et pour tout réussi à trouver des orties que nous avons consommé en soupe ("pâtée dégueulasse" serait plus exact) ; mais nos tentatives pour attraper un animal nous ont surtout permis de savoir que le braconnage et la chasse ne s'inventent pas et ne s'apprennent pas dans les livres
- le froid et la fatigue viennent plus vite et plus fort que ce que nous pensions ; cela dit, avec une gestion intelligente du ratio énergie dépensée / énergie accumulée, n'importe qui (même nous !)peut s'en accommoder longtemps.
- une partie du matériel n'était pas adapté (machette trop lourde, micropelle inutile, bâches superflues dans notre contexte...)
- construire un abri prend un temps considérable, surtout pour trois, et demande beaucoup d'énergie ; là encore nous avions décidé de nous y prendre tôt, et nous avons bien fait.
- la nuit a été la partie la plus difficile de l'expédition, entre le froid, la pente, les rochers, etc... le terrain aurait pu être mieux choisi que celui que nous avons retenu, et nous avons eu du mal à récupérer de l'énergie en dormant !
et surtout...
- avec un peu de bons renseignements, de bons camarades, de bon sens et de quelques pièces d'équipement obligatoires (couteau / couverture / contenant / firesteel), ce genre d'excursion est en fait à la portée de tout le monde ou presque. Et ça vaut le coup !
Du coup, cette année, on remet ça. On embarquera sans doute plus de nourriture et moins de poids inutile. Et on devrait en profiter pour expérimenter d'autres types d'abris, et ré-essayer de capturer un animal !
Les commentaires sont évidemment les bienvenus, les conseils aussi, les idées également !