‘’Euuuuh, ouais, enfin, bon, c’était… quoi, tu vois, j’avais un pote qui y allait, il voulait pas se retrouver tout seul, alors je me suis dis… pi c’était à côté de la maison, pratique, j’y allais à pieds, hé, hé… et, eu, bon, bref, tu veux pas qu’on parle d’autre chose ? ho !! regarde le papillon là, comme il est beau !!’’
*silence embarrassant*
… syndrome ‘’scout toujours’’ (ou ‘’pine d’huître’’ selon le référent culturel)
J’ai mis des années à réaliser…
Seul ‘’coureur des bois’’ dans l’âme de la famille depuis mon plus jeune âge, mes parents ne m’ont jamais fait dormir sous tente, mon père savait à peine allumer le barbeuk au charbon… ma mère exploserait de rire si l’on émettait seulement l’idée saugrenue de lui faire passer une nuit dans la verte… ‘’ahaha… non mais vous déconnez là ? hein, sérieux?’’
… Moi je passais ma vie dehors, furetant la moindre parcelle de notre beau Jura, grâce au bienveillant laxisme de cette facette particulière de l’autorité parentale : cabanes dans les sapins, igloos dans le jardin, bonshommes de neige se transformant en cible malheureuse de tir à l’arc fait maison…
des heures et des heures solitaires à escalader les rochers calcaires du théâtre forestier, à chercher des serpents, mener d’imaginaires campagnes guerrières entre les troncs empilés de la scierie voisine, pêcher le vairon à l’écluse, traquer les poules d’eau dans les roseaux, se risquer sur la rivière gelée… rentrer en clopinant parce qu’une jambe a traversé la trop fine pellicule…
pi il y a eu ‘’les scouts’’, un peu par hasard, le groupe était effectivement à côté de chez moi, je les voyais souvent… un copain à moi y allait… ils… ils avaient des cou-teaux !!!
Le groupe ‘’Guy de la Rigaudie’’ de Pontarlier dans toute sa splendeur, bannière Franc-Comtoise au vent et cousue sur les épaules, quel panache !
Je me rappelle de l’odeur des vieux locaux chauffés au feu de bois, celle des canadiennes en toile un peu fatiguées que l’ont devait porter à 4 ou 5 à l’arrière du Traffic… l’effervescence, peu avant les camps, pour tout préparer, la guerre ancestrale avec ‘’ceux de Morteau’’ (les Mortadelles, pfui !! *crache par terre*) qu’on pouvait pas blairer sans vraiment savoir pourquoi…
l’état de la chemise bleue, puis rouge, après deux semaines dans les bois (et la tête à ma mère aux retours )… nos concours de lancer d’opinel… qui avaient tous la pointe cassée du coup… et bien sûr les pénibles déchiffrage d’accords du diapason rouge ‘’il s’appelait stewbal’’ et autres ‘’petit âne gris’’ avec une guitare plus grosse que moi, au bord du feu…
L’art du brelage, (la fierté de faire à chaque coup la plus belle table de patrouille, sans un clou… ) montage d’un barbeuk en pierres en quelques mn, nœuds de serrage pour la tente, taille de piquets, bouffe sur le feu, orientation dans les bois, garde au feu le soir, quand tout le monde dort… plein de trucs dont je me souviens, dont je me sers encore…
J’avais les insignes ‘’trappeur’’, ‘’artiste’’ et sur le tard ‘’infirmier’’ sur la poitrine^^…
j’ai judicieusement esquivé les autres spécialités, surtout celles qui impliquaient plus ou moins directement de parler en l’air avec le gars Djizous… moi je suis plus ‘’grand esprit’’, je préfère faire des câlins aux arbres et voir le divin dans les cercles majestueux des rapaces, c’est comme ça (you’re all a bunch of tree-hunging hippies !!!)
Pi les premières conneries aussi !!
clopes en cachette avec les grands (gauloises bleues, 8FF le paquet, faites la conversion en €, pour pleurer un coup), premières cuites au blanc ‘’3 étoiles’’ avec le budget prévu pour le raid en autonomie (pas grave, on fera du stop et on demandera de la bouffe au village, tu verras)… les trucs cools et moins cools de la vie en communauté entre petits sauvages inconscients… les raids de nuit chez les mortadelles (pfui !!) pour desserrer les sardines des doubles toits juste avant les orages…
Le goût de la liberté, du défi, d’un certain ‘’code de l’honneur’’… et surtout de dormir dans les bois, marcher dans la neige avec un sac à dos blindé, une carte mouillée à la main, rester le soir au bord du feu, sous les étoiles, loin du temps, loin de tout…
Ils… ils ont fait de moi bien malgré eux le punk à chien gentiment babanarchiste que j’allais devenir pendant mes quelques années de folle jeunesse errante dans ces pays d’Europe ou d'ailleurs qui m’ont accueillit le temps d’un contrat, d’un diplôme ou d’une amourette …
les cons !
j’ai donné l’opinel N.6 à mon fils il y a quelques temps, un peu ‘’religieusement’’, en lui expliquant que c’était mon père qui me l’avait donné…
c’est plus qu’un couteau, plus qu’un objet, plus qu’une simple relique du passé… il l’a sentit je crois, d’ailleurs…
C’est un peu le symbole de tout ce que je lui souhaite, tous ces souvenirs à venir, cet apprentissage de soi et des autres, ces moments d’insouciance, de galères marrantes, les frissons sous la pluie, l’angoisse grandissante d’une marche nocturne qui n’en finit pas, la chaleur du poêle dans la cabane de berger, quand il fait -20° dehors…
En fait, j’ai aimé les scouts sans vraiment m’en apercevoir, sans jamais vraiment réaliser à quel point
Et vous, vous avez été scout ? (ou éclaireur, ou le truc de votre pays)
*silence embarrassant*
… syndrome ‘’scout toujours’’ (ou ‘’pine d’huître’’ selon le référent culturel)
J’ai mis des années à réaliser…
Seul ‘’coureur des bois’’ dans l’âme de la famille depuis mon plus jeune âge, mes parents ne m’ont jamais fait dormir sous tente, mon père savait à peine allumer le barbeuk au charbon… ma mère exploserait de rire si l’on émettait seulement l’idée saugrenue de lui faire passer une nuit dans la verte… ‘’ahaha… non mais vous déconnez là ? hein, sérieux?’’
… Moi je passais ma vie dehors, furetant la moindre parcelle de notre beau Jura, grâce au bienveillant laxisme de cette facette particulière de l’autorité parentale : cabanes dans les sapins, igloos dans le jardin, bonshommes de neige se transformant en cible malheureuse de tir à l’arc fait maison…
des heures et des heures solitaires à escalader les rochers calcaires du théâtre forestier, à chercher des serpents, mener d’imaginaires campagnes guerrières entre les troncs empilés de la scierie voisine, pêcher le vairon à l’écluse, traquer les poules d’eau dans les roseaux, se risquer sur la rivière gelée… rentrer en clopinant parce qu’une jambe a traversé la trop fine pellicule…
pi il y a eu ‘’les scouts’’, un peu par hasard, le groupe était effectivement à côté de chez moi, je les voyais souvent… un copain à moi y allait… ils… ils avaient des cou-teaux !!!
Le groupe ‘’Guy de la Rigaudie’’ de Pontarlier dans toute sa splendeur, bannière Franc-Comtoise au vent et cousue sur les épaules, quel panache !
Je me rappelle de l’odeur des vieux locaux chauffés au feu de bois, celle des canadiennes en toile un peu fatiguées que l’ont devait porter à 4 ou 5 à l’arrière du Traffic… l’effervescence, peu avant les camps, pour tout préparer, la guerre ancestrale avec ‘’ceux de Morteau’’ (les Mortadelles, pfui !! *crache par terre*) qu’on pouvait pas blairer sans vraiment savoir pourquoi…
l’état de la chemise bleue, puis rouge, après deux semaines dans les bois (et la tête à ma mère aux retours )… nos concours de lancer d’opinel… qui avaient tous la pointe cassée du coup… et bien sûr les pénibles déchiffrage d’accords du diapason rouge ‘’il s’appelait stewbal’’ et autres ‘’petit âne gris’’ avec une guitare plus grosse que moi, au bord du feu…
L’art du brelage, (la fierté de faire à chaque coup la plus belle table de patrouille, sans un clou… ) montage d’un barbeuk en pierres en quelques mn, nœuds de serrage pour la tente, taille de piquets, bouffe sur le feu, orientation dans les bois, garde au feu le soir, quand tout le monde dort… plein de trucs dont je me souviens, dont je me sers encore…
J’avais les insignes ‘’trappeur’’, ‘’artiste’’ et sur le tard ‘’infirmier’’ sur la poitrine^^…
j’ai judicieusement esquivé les autres spécialités, surtout celles qui impliquaient plus ou moins directement de parler en l’air avec le gars Djizous… moi je suis plus ‘’grand esprit’’, je préfère faire des câlins aux arbres et voir le divin dans les cercles majestueux des rapaces, c’est comme ça (you’re all a bunch of tree-hunging hippies !!!)
Pi les premières conneries aussi !!
clopes en cachette avec les grands (gauloises bleues, 8FF le paquet, faites la conversion en €, pour pleurer un coup), premières cuites au blanc ‘’3 étoiles’’ avec le budget prévu pour le raid en autonomie (pas grave, on fera du stop et on demandera de la bouffe au village, tu verras)… les trucs cools et moins cools de la vie en communauté entre petits sauvages inconscients… les raids de nuit chez les mortadelles (pfui !!) pour desserrer les sardines des doubles toits juste avant les orages…
Le goût de la liberté, du défi, d’un certain ‘’code de l’honneur’’… et surtout de dormir dans les bois, marcher dans la neige avec un sac à dos blindé, une carte mouillée à la main, rester le soir au bord du feu, sous les étoiles, loin du temps, loin de tout…
Ils… ils ont fait de moi bien malgré eux le punk à chien gentiment babanarchiste que j’allais devenir pendant mes quelques années de folle jeunesse errante dans ces pays d’Europe ou d'ailleurs qui m’ont accueillit le temps d’un contrat, d’un diplôme ou d’une amourette …
les cons !
j’ai donné l’opinel N.6 à mon fils il y a quelques temps, un peu ‘’religieusement’’, en lui expliquant que c’était mon père qui me l’avait donné…
c’est plus qu’un couteau, plus qu’un objet, plus qu’une simple relique du passé… il l’a sentit je crois, d’ailleurs…
C’est un peu le symbole de tout ce que je lui souhaite, tous ces souvenirs à venir, cet apprentissage de soi et des autres, ces moments d’insouciance, de galères marrantes, les frissons sous la pluie, l’angoisse grandissante d’une marche nocturne qui n’en finit pas, la chaleur du poêle dans la cabane de berger, quand il fait -20° dehors…
En fait, j’ai aimé les scouts sans vraiment m’en apercevoir, sans jamais vraiment réaliser à quel point
Et vous, vous avez été scout ? (ou éclaireur, ou le truc de votre pays)
Dernière édition par sesska le Ven 24 Juil 2015 - 17:54, édité 1 fois