parties d'interview :
Je suis issu d’une famille de fonceurs déterminés. Pas grands, pas de la haute société, mais une famille de fonceurs. Samuel Smiles, qui a écrit « motivation » du livre original « Self-Help » , était mon arrière-grand-grand-père. Mon grand-père, Walter Smiles, a été décoré pour sa bravoure durant la Première Guerre mondiale, et mon défunt père, Sir Michael Grylls, était un officier de la Royal Marine Commandos avant de devenir député conservateur.
J'ai réussi à persuader la direction de l'Université de West of England à Bristol pour me donner une place d'étude en langues modernes. C'est là que j'ai rencontré un grand ami. Nous avons constaté que nous avions beaucoup de points en commun : notre foi chrétienne, une soif d'aventure et l'amour des choses bizarres dans la vie.
Nous avons signé tous pour incorporer l'université de formation des officiers, et, ensemble, nous avons développé un respect marqué pour un officier supérieur qui avait opéré dans le Special Air Service (SAS). Il marchait avec une confiance tranquille, on a beaucoup ri, et on ne s'est jamais pris trop au sérieux. Je me demandais si avec mon ami je pourrais tenter la sélection pour le SAS. Le début d'une course et un tournant décisif de ma vie.
La Réserve SAS a tendance à être constituée de parachutistes, d’anciens commandos qui veulent encore un défi, mais elle est ouverte aux civils. Bien que les membres ne soient pas des soldats à temps plein, beaucoup en font leur emploi principal, déployés n'importe où dans le monde…
En Mars 1994, mon ami et moi sommes arrivés aux portes des casernes, les feuilles d'appel à la main. Nous étions tendus et nerveux. Sur tous ceux qui s'appliquent chaque année pour la sélection des SAS, seule une poignée réussissent. Pour être transformés d'un amateur total à un professionnel. L'homme de toutes les situations, des démolitions après des catastrophes, des débarquements secrets et ce serait pour nous un voyage qui nous étirerait jusqu'à nos propres limites.
Prenez, par exemple, le premier week-end. Nous avions déjà réalisé un parcours du combattant quand on a traversé un bois jusqu’à une petite clairière. Il y avait des plaques d'égout partout et nous avons été cachés à l'entrée d'un réseau de tunnels. C’est là que j’ai compris que si vous aviez toujours détesté les espaces clos, que cela allait être un mauvais endroit pour le découvrir. Mais nous n'avons pas eu le temps d'y penser. Nous avons été poussés vers le bas dans ces regards minuscules avant que les sorties aient été verrouillées.
Nous avons évolué dans la pénombre dans cet étroit labyrinthe. Les tunnels faisaient juste 90 centimètres de haut. J'ai rampé dans de l’eau et de la boue, les mains tendues devant moi pour sonder la voie à suivre.
Si on souffrait de claustrophobie, il n’était pas question d’en parler au régiment. Il fallait travailler en milieux étroits, dans des conditions de confinement, il fallait être en mesure de contrôler ses émotions et d'apprendre à canaliser ses peurs.
Pendant les six mois suivants, mes week-ends ont été consacrés à la transpiration et à piocher autour des montagnes. Parfois, le soleil brillait, et tout en sueur, nous étions entourés par des fléaux de moustiques. D'autres fois, nous étions dans la neige avec de grandes cuissardes, ou presque renversés par des vents violents. Nous devions souvent porter de gros sacs à dos lourds comme un enfant de huit ans.
Les entrainements de nuit étaient constitués d'entraînement physique : longues courses, épuisantes, essais de résistance et exercice de pompier dans des ascenseurs. Les leçons de lecture de carte, la formation médicale et le maniement des armes. La force mentale est aussi précieuse que la résistance physique. Sur notre exercice final, on nous a dit de se reposer pendant une heure. Mais ce repos a été vraiment perturbé par les essaims de moucherons qui nous entouraient. Je n'avais jamais connu d’essaim si épais dans l'air.
Au bout d’un certain temps, nous étions alignés et nous avons entendu : «Ne bougez pas… Personne ne bouge avant mon signal ». A chaque respiration, nous respirions une bouchée de moucherons. Tout ce que nous voulions faire était de ne pas respirer et de les éloigner de nos visages. Debout, immobile et enveloppés dans les essaims, c’était vraiment infernal.
«Arrêtez de bouger, cria l'un des employés que nous avons surnommé Mr Nasty. Il est resté ensuite en face de nous et nous a regardé, terminant ça cigarette. C'était comme une forme de torture médiévale, mais finalement après environ 45 minutes, on nous a « libérés » et dit d’attendre les ordres en cette nuit de mars.
La pression était incroyable. Physiquement, nos corps étaient en morceaux, et nous râlions pour avoir un repos décent. Mais nous avons rarement eu plus de trois heures entre les marches et ce n'était pas assez longtemps pour se reposer. Au lieu de cela, tout est devenu froid et raide, et le manque de sommeil encore plus important.
Plus tôt dans la journée, je me suis retrouvé à faire des pompes dans la boue avec mon sac à dos. Comme une punition pour avoir approché un point de contrôle sur une route au lieu de passer le long d'un fossé. L’utilisation des chemins et des pistes a été interdite. Un officier m'a retardé de 15 minutes avec cette nouvelle interdiction.
Lorsque je l'ai finalement atteint le poste de contrôle, il m’a fait traverser un ruisseau avec de l’eau à mi-corps au lieu de me permettre d'utiliser la petite passerelle. C'était un geste de préparation qui devait se révéler désastreux pour moi.
Je me suis levé et j'ai attendu que les instructeurs aient annoncé : « OK, le test suivant ne démarrera pas cette nuit. Vous n'avez pas réussi le test d’aujourd’hui ». Quatre noms ont été lus…
Ensuite, l'instructeur m’a regardé, froid, impassible. . . Le quatrième nom fut annoncé : « Grylls… »
J'avais été trop lent. Ca a été le pire sentiment que j’ai jamais ressenti. Tout ce que j'avais fait pour en arrivé là avait disparu. Tout, la sueur, l'effort et la douleur, tout ça pour rien...
Les semaines suivantes ont été un véritable combat. Le fait de gagner un peu d’'argent a été la seule motivation pour revenir et essayer la sélection une fois de plus. Mon ami, qui avait également échoué, a été sollicité pour revenir aussi.
Tous les deux nous avons emménagé dans une maison à 7 km de Bristol et Rocky-style. Nous avons commencé à nous entraîner avec une intensité renouvelée.
Après quelques temps, nous sommes revenus à la caserne. Cette fois, je sentais que j'étais plus fort. J'ai trouvé que mon esprit et mon corps s'en sortaient mieux. J'ai souvent été l'un des meilleurs à la fin de plusieurs mois d’entrainements.
La phase la plus éprouvante de la formation a été la préparation pour résister à la capture. Notre mission consistait à jalonner le repaire présumé de «kidnappeurs». Divisée en différentes patrouilles, nous avions 24 heures pour formuler un plan pour sauver un «otage», et mettre notre plan à exécution.
Mais à la fin de tout cela, nous serions alors «compromis». Nous serions pris intentionnellement et alors, commencer la phase finale de l '«initiation capture ».
Tout d'abord, nous avons assisté à l’arrivée d’une camionnette à toute vitesse jusqu'à une piste. Deux hommes vêtus de cagoules rouge-sang sont sortis, l’un deux à ouvert les portes arrières et a traîné une jeune fille, qui criait, par les cheveux. Ils sont entrés dans une maison en claquant la porte.
La tactique était brutale mais efficace. Je n'avais jamais ressenti cette fatigue et j’étais abattu. Ma tête me faisait mal et les muscles de mon dos me donnaient des crampes. Je me suis effondré, encore et encore.
Notre plan de sauvetage de la jeune fille se déroula comme sur des roulettes Apparemment, tout notre entraînement avait porté ses fruits. Nous ont pris d'assaut le bâtiment. D’un coup nous avons maitrisé les terroristes et réussi à sauver l'otage. Bientôt, notre groupe de quatre hommes, en sueur, étions entassés, pleins de boue à l'arrière dépouillé d'une camionnette, à dévaler les routes de campagne. Nous étions hors de danger.
Puis, soudain, le chauffeur de la camionnette a freiné brutalement. Silence... Notre épreuve était revenue au point de départ.
Il s'en est suivi un flou de stress mental et physique et de traumatismes, destinés à recréer la contrainte de la captivité. C'était vraiment désagréable et terrifiant. Cependant, je ne suis pas libre de divulguer tous les détails.
Avant ce dernier exercice, l'instructeur a été très clair: «Ne leur donnez pas quelque chose qu'ils puissent exploiter. Soyez intelligents, restez concentrés malgré la douleur et la fatigue. Relâchez-vous un seul instant… et vous échouerez. Et personne n’est votre ami jusqu'à ce que vous me voyiez marcher en portant une croix blanche sur ma manche. Ce n'est qu'alors que l'exercice sera fini… ».
J'étais épuisé, affamé, assoiffé, et j’avais des frissons incontrôlables. J’attendais le résultat et les heures semblaient ne jamais finir.
Finalement, tout s’est bien passé. J'étais à demi-nu, avec ma veste de camouflage descendue jusqu’à la taille, un bandeau sur les yeux et j’étais couvert de frissons. Je devais avoir l'air minable.
Une main arraché mon bandeau et une lumière s'est allumée. «Tu reconnais ça Bear ? dit une voix douce. Je louchais. Un membre du personnel a pointé une croix blanche sur son bras. Je n'ai pas réagi. J'avais besoin de faire le point dans mon esprit. «Cela signifie la fin de l'exercice. Vous vous rappelez ? »
Voilà comment, quelques semaines plus tard, je me tenais debout dans une salle au quartier général SAS, avec une poignée de lauréats qui étaient entrés avec moi quelques mois plus tôt. J'étais prêt à devenir un soldat des SAS.
Les détails de la formation que j’ai reçue ne doivent pas être dévoilés mais je peux dire que j'ai été formé à la survie dans la jungle, la guerre en hiver, les démolitions, dans les missions maritimes, le maniement des armes étrangères, la traumatologie, l'arabe, les signaux, d’évasion, de conduite à haute vitesse et d'évitement, ainsi que la survie derrière les lignes ennemies.
Je me suis perfectionné au programme d'initiation de « capture » dans le but de devenir un instructeur de survie au combat. Cette formation a été plus longue et plus intense que l'enfer que j'avais enduré pour la sélection initiale.
Je suis devenu très compétent en sauts en parachute de nuit et au combat à mains nues. Le long du chemin, j'ai eu toute une série de mésaventures. Mais est-ce que je me souviens ce qui avait le plus de valeur ? C’est l'esprit de camaraderie, l'amitié et, bien sûr, mon ami, qui est toujours un de mes meilleurs amis aujourd’hui. Certains sentiments sont incassables.
Un ami m'a demandé quelles qualités étaient nécessaires pour rentrer aux SAS. Je voudrais dire qu’il faut être motivé. Etre calme, mais avoir la capacité de sourire quand on est triste, d'être imperturbable, être en mesure de réagir rapidement et d'avoir une capacité à improviser, de s'adapter et de surmonter tous les obstacles par le mental.
Je me suis basé sur beaucoup de ces qualités dans des aventures ultérieures, des expéditions à l'Everest à mes séries télévisées, une étape à la Légion, Worst-Case Scenario et Born Survivor.
Je n'oublierai jamais l'yomps, la formation spécialisée en montagne et notamment dans les Brecon Beacons (Parc National en Angleterre). Surtout, je ressens une grande fierté et que pour le reste de mes jours, je peux me regarder dans le miroir et je sais qu’une fois j’ai été assez bon. Assez bon pour devenir un membre de la SAS. Certaines choses n'ont pas de prix…