Salut Urizen, content de te relire ici.
J'ai passé mon enfance dans un patelin de la plaine du St-Laurent entouré de champs et d'érablières (au Québec, pour ceux qui l'ignorent) et à l'époque, je passais mes étés du matin au couchant dans les bois et je ne me rappelle pas d'avoir jamais mis de répulsif à insectes pour me protéger des brûlots, maringouins et mouches à chevreuil, que vous appelez (à raison) taon. Insouciante jeunesse je présume.
Devenu citadin ensuite, mes sorties nature s'accompagnaient toujours de citronelle en vaporisateur, shampoing à la citronelle, savon à la citronelle, bougies à la citronelle, gomme à mâcher à la citronelle, sans oublier toutes les autres huiles essentielles et remèdes de grand mère censés repousser ces bestioles.
Redevenu campagnard (désormais plutôt forestier qu'agricole) et aussi un peu plus 'sage', j'ai compris un truc ou deux.
Les gens.
Je crois qu'il y a des gens qui tolèrent (modérément) bien la présence d'insectes piqueurs (exemple: moi) ou d'autres qui les tolèrent peu ou pas (exemple: ma conjointe).
Je crois qu'il y a aussi des gens qui les attirent peu (moi) et d'autres qui les attirent davantage (ma conjointe). Je ne sais pas si c'est scientifiquement lié, mais ceux qui ne les tolèrent pas ont tendance à s'agiter pour les chasser. Ce faisant, ils s'échauffent et dégagent alors plus de gas carbonique, ce qui attire les bestioles sur eux, les faisant s'agiter encore plus.
Assis au bord d'un feu par un soir d'été avec ma conjointe, invariablement elle finit par lâcher un «coudonc je me fais bouffer par les maringouins...pas toi?» Ben non ma chérie, j'en ai bien un ou deux que je tape dès que je les sens atterrir sur mes membres poilus (y'a ça qui doit aider aussi, le poil agit comme des antennes qui m'avertissent de la présence d'un intrus sur mon épiderme), mais sinon elle en a toujours plus que moi autour d'elle. Brûlots et mouches à chevreuil et autres frappe-à-bords inclus.
Pourtant je «dégage» pas mal (je ne parle pas 'olfactivement'), j'ai chaud rapidement, je sue comme un cheval à l'effort. Il doit y avoir quelque chose avec la peau, le groupe sanguin, ou alors l'aïeul amérindienne du côté paternel qui m'immunise
La chimie.
Comme dit plus haut, j'ai essayé pas mal de trucs «naturels» pour éloigner les piqueurs, mais aujourd'hui je n'ai qu'une seule arme chimique dans mon arsenal: le bien nommé Great Outdoors de Watkins qui contient jusqu'à 28,5% de DEET, qui est reconnu comme étant le meilleur répulsif à moustiques, taons, mouches noires, etc. (étude ici en anglais). Dans mon sac de rando, j'ai un flacon de crème et une bombe aérosol en tout temps l'été. Je met la crème sur la peau exposée si elle doit absolument l'être (voir prochain point) et l'aérosol sert à 'arroser' mes vêtements et couvre-chef. Le Watkins est aussi efficace contre les tiques, ce qui n'est pas à négliger non plus. Bref le truc des
gars de bois La physique.
Comme dans «barrière physique» (expression presqu'autant à la mode que «distanciation sociale» ces temps-ci, si seulement les piqueurs pouvaient comprendre ce principe!). Lors de sorties en grande nature, pêche sur un lac perdu, rando et camping, mais pas la balade au fond du jardin (quoique...), je porte toujours des pantalons, de préférence en toile tissée serrée genre treillis militaire, des chaussures fermés, une chemise à manches longue que je roule au besoin si il fait vraiment chaud, un chapeau sur lequel je place un filet moustiquaire que je rabat sur ma tête au besoin et qui couvre entièrement celle-ci et le cou. Le tout dans les teintes de vert, gris pâle et sable. Un look d'enfer qui ferait fureur sur les
catwalks des grandes place de mode genre Paris ou Milan, j'en suis certain.
Il m'est déjà arrivé de me faire prendre pour un ranger de parc national. J'ai pris la chose au sérieux et envoyé le type se perdre dans un sentier fermé. Ça lui apprendra à ne pas savoir reconnaitre à qui il parle.
Je déconne évidemment.
C'est sûr que je ne ferais pas d'ultra-marathon accoutré de la sorte, et j'avoue avoir déjà sué toute l'eau de mon corps lors d'une monté par plus de 30°, assailli de toutes parts et de toutes pores par les taons et donc impossible de baisser la garde, mais entre deux maux j'ai choisi le moindre, sur le long terme du moins... Par contre je 'sors' de moins en moins souvent l'été, privilégiant les autres saisons pour mes escapades nature.
Aussi, tu dis qu'ils te mordent (ou plutôt 'elles') à travers tes vêtements? C'est qu'ils doivent être bien minces, car elles mordent ou déchirent la peau pour pouvoir sucer le sang, si elles ambitionnent de déchirer tes vêtements c'est qu'elles sont effectivement très agressives!
Enfin, je prends la perche tendue à l'intention de Teacher à propos des premiers colons et des insectes piqueurs: Samuel Hearne dans son ouvrage sur ses explorations en terres canadiennes (1768-1772) le résume approximativement en ces mots: les courtes semaines de l'été boréal et leur lot d'insectes piqueurs qui n'ont de cesse de nous harceler nous font presque regretter l'hiver et ses froids polaires...