Mesdames et messieurs,
voici le fameux retour !
Nous avions rendez-vous samedi matin 10h à Millau. Levé 6h00, 3h de route plus tard, me voilà embarqué dans une aventure...
Règles à respecter :
- kit à utiliser = 2L d'eau, 2L de matos pour un total de moins de 5kg.
- rien manger à partir de maintenant jusqu'à demain midi.
- ne pas utiliser le back'up.
Stéphane et Camille nous demandent de quitter nos montres, éteindre nos téléphones et nous font bander les yeux dans la voiture qui va nous emmener à quelques kilomètres de là. Ceci afin de nous désorienter le plus possible.
Nous, c'est Catherine et moi. Cath' est une grande trekkeuse (himalaya, argentine, indonésie, islande....)
Bref, après avoir déposé la voiture de Camille à un endroit, nous débarquons tous les quatre sur un chemin forestier au milieu des bois.
A ce stade là, Stéphane et Camille se feront discret tout au long du parcours pour ne pas trop nous inciter à prendre certaines décisions.
Le temps est maussade mais chaud. Nous partons en T-shirt, les sacs sur notre dos, mais rapidement le soleil nous irradie.
Le paquetage comprend notre back'up complet que nous ne devons pas ouvrir et notre kit perdition utilisé tout au long du WE.
Le kit devait faire maximum 5kg et contenir dans un volume de 4L dont 2L d'eau. Donc 2L pour le matériel.
Pour ma part, j'avais rangé tout le matériel dans un sac de congélation de 4L plié en deux.
Mon kit contenait :
- une poche à eau de 2L de type Liquitainer.
- une couverture de survie Grabber.
- un neck.
- un gobelet caoutchouc pliable pour boire.
- une scie Felco 600
- du ducktape autour d'une carte.
- un sachet de congélation contenant :
- 2 soupes
- café/thé
une boite à pêche que j'ai utilisé comme récipient pour faire bouillir de l'eau et qui contenait à l'intérieur :
5 sacs poubelles 50L.
de la cordelette para-corde.
un sifflet.
deux chaufferettes.
une couverture de survie minimaliste (argent/dorée)
Dans mes poches de pantalon :
- mon kit feu complet
- boussole
- briquet
- fond de poche cacahouète de la dernière rando avec Kasmodian
- téléphone chargé à bloc et éteint.
Et je portais sur moi :
- mon chapeau/bob en coton.
- mon shemagh.
- un sous-vêtement technique pour le torse en résille en laine.
- un t-shirt en coton lambda.
- mon habituelle woolpower.
- ma longue veste habituelle en coton type armée allemande.
- une paire de gants en cuir Décathlon.
- un pantalon Décathlon lambda de randonnée.
- une paire de chaussures (super !)
- une paire de guêtres.
Sac à dos complet avec back'up complet, kit, eau et nourriture : 9kg.
La promenade démarre tranquillement à plat et dans la boue car il y avait eu de la neige la semaine précédente et de la pluie dernièrement.
Mais la journée s'annonce clémente malgré la météo annoncée.
Chemin forestier tout du long.
Rapidement et sans trop nous consulter, avec Catherine nous prenons des décisions sur les directions machinalement.
Les règles sont assez simples. L'idée est d'avancer sans se fatiguer pour s'économiser, de chercher à descendre pour trouver l'eau, suivre l'eau pour trouver l'homme.
Alors au bout d'un moment, nous quittons notre beau chemin forestier pour nous engager dans une pente douce hors sentier, traverser un ravin et rejoindre un chemin qui suit le fond de vallée.
Grâce à la position du soleil et l'heure que j'imagine être (pas loin de midi) nous supposons suivre le sud. Chose vérifiée par la boussole.
Comme d'habitude, l'Aveyron, département magnifique, nous dévoile certains charmes.
Près d'une heure après nous passons sous un pont gigantesque que nous pensons être l'autoroute au vu de sa largeur.
Nous en déduisons que nous sommes au nord de Millau car il n'y a pas de pont sur l'autoroute au sud de la ville.
Évidemment pour jouer le jeu nous ne montons pas voir les panneaux et n'appelons pas à l'aide
La vallée s'enfonce et nous décidons de faire une petite pause pour prendre un thé. Enfin Stéphane jouait le mec qui commençait à avoir très très soif et qui voulait faire une pause.
Puis nous avons reprit la marche pour finalement nous arrêter au bout de 15 minutes un peu plus loin car nous avions trouvé un superbe spot pour le bivouac, proche du ruisseau, légèrement surélevé, éloigné des arbres résineux qui contiennent beaucoup de chenilles processionnaires, plat et avec de l'espace.
Il devait être environ 14h peut-être.
Avec Catherine, nous décidons de réaliser un abris commun, Camille et Stéphane s'y adjoindront.
En regardant la zone, Stéphane nous préconise d'utiliser le rocher comme assise pour celui qui devra surveiller le feu pendant la nuit.
Donc nettoyage du site en poussant les feuilles et installation du camp.
Complications :
- l'installation en carré de 4 grabber c'est super chiant pour tendre et faire en sorte que tout le monde soit à l'aise dans un espace correcte.
- nous avions positionné le feu avant les 4 grabber... Forcément il n'était pas centré. Nous aurions dû le réaliser après avoir monté les bâches...Bref au bout d'1h30 j'imagine, nous avons enfin réalisé un abris qui ressemblait à quelque chose. Et en plus contenant 4 couleurs de grabber différentes s'il vous plait!
Enfin, Catherine s'est faite un matelas de branches de buis et moi un matelas de feuilles de chêne dans mes sacs poubelles.
Puis corvée de bois pour tout le monde.
Par chance, nous avons du résineux à proximité et du chêne. Duo parfait pour avoir un bon feu.
Récolte de bois gras sur place.
Le ciel se couvre, la nuit commence à tomber, il doit être 18h30 ou 19h (nous n'avons pas de montre), nous sommes installés dans notre abris pour une longue veillée et n'avons toujours pas mangé depuis ce matin.
Nous nous lançons dans la corvée de batonnage pour faire du bois sec pour l'allumage. Nous avons un gros stock de bois mais beaucoup est humide ou pourrie.
Le couteau :
j'ai utilisé mon neck, un petit couteau que Jokull m'a fait l'an dernier. Il fait le boulot, rien à redire. Mais c'est vrai que c'est juste épuisant psychologiquement de faire des allumettes en nombre avec un couteau pareil. J'ai fini par craquer et sortir mon gros couteau de camp (Hudson Bay) avec lequel j'ai débité du chêne de 12cm de diamètre. Rien à voir au niveau de la rapidité de production et avec moins d'efforts. Je pense donc orienter mon kit avec un couteau plus massif que mon neck.Après quelques essais infructueux sur de la ficelle cisale qui prenait l'humidité très très rapidement. Et aussi parce que Camille m'avait balancé toute ma poudre de bois gras sur la cisale !
Nous avons allumé le feu avec du coton de tampon hygiénique.
Le feu lancé, je m'allonge et tente de me reposer.
C'est Camille qui lance la garde, j'entends discuter et me lance dans un sommeil léger rapidement.
Alors autant la dernière fois j'avais été très satisfait de mes sacs poubelles comme isolant, autant là c'était bof bof.
Niveau isolation ça fait le boulot. C'est juste que j'aurai du mettre plus d'épaisseur pour éviter qu'elles ne se tassent trop. A la fin elles ressemblaient à de fines galettes.
Et puis surtout, 5 sacs de 50 L ça n'est pas pratique, ça bouge et ça n'est pas assez large. Deux gros sacs de 100 ou 200 L seraient topissime Au bout d'un moment, il devait être 22 ou 23h, je me réveil et propose à Camille de le remplacer (enfin c'était prévu comme ça dans la rotation
)
Je me fais une soupe chaude et médite en fixant les flammes.
La boite à pêche pour chauffer l'eau, ça fait le boulot, le couvercle évite d'avoir des merdes dans l'eau, elle prend peu de place dans le kit. Elle a été parfaite pour ce week-end là car je n'avais pas besoin de faire beaucoup d'eau chaude et aucun besoin de faire bouillir.
Mais si il avait fait froid, j'aurai du boire beaucoup plus d'eau chaude et j'aurai été emmerdé car elle n'est pas pratique pour faire du volume. Ma tasse en titane d'1L avec son couvercle serait bien plus apte a faire ce genre de travail. Je pense revenir sur cette tasse en titane du coup.C'est toujours un moment des plus agréables que de regarder le feu en surveillant que chacun des camarades dort paisiblement.
Je garde à peu près 3h le feu et fini par réveiller Stéphane qui n'a fait que ronfler depuis le début !
Je donne ma woolpower à Catherine car j'ai crevé de chaud à surveiller les flammes et elle a froid.
Je me couche sur le matelas de Stéphane et m'endort en t-shirt sous ma veste comme couverture.
Stéphane prend la relève et gardera le foyer jusqu'à 6h30 du matin.
En effet Catherine s'étant endormie profondément par la suite, elle n'entendait pas Stéphane qui lui demandait de le remplacer sur les coups de 4-5h. Du coup il l'a laissé dormir.
6h30 c'est donc Camille qui a reprit la garde jusqu'à ce que tout le monde soit éveillé, environ 1 heure après.
Nous avons eu quelques petites rafales dans la nuit et quelques averses, juste de quoi nous rappeler que nous dormions dehors.
Difficile pour se motiver mais il faut bien décoller, alors nous rangeons le camp après avoir avalé une soupe pour ma part et un café.
Nous refaisons nos sacs, petite toilette rapide au ruisseau, éteignons le feu et quittons le site en laissant le moins de traces possibles.
La promenade s'annonce très agréable, la journée est belle, il doit être entre 7h et 8h30 du matin j'imagine.
Nous avançons dans de beaux paysages mais je ressens la fatigue et la faim. Je rêve juste de manger pour saliver, ce n'est pas tant que j'ai faim au niveau de l'estomac, c'est plutôt psychologique je suppose. Bref je veux changer le goût de ma salive je crois.
Je l'a fais courte, nous avons bien marché sous un beau ciel bleu et du soleil. Heureux que les prévisions météo se soient complètement trompée. Nous longeons toujours le ruisseau qui grossit au fur et à mesure que nous avançons.
Puis croisons un groupe de randonneurs qui annonce un retour à la civilisation sous peu.
Aux alentours de 11h30, Stéphane nous dit que nous sommes pratiquement arrivé à destination et que si l'on veut, nous pouvons faire une pause pour manger un bout.
Je me jette sur mon réchaud.
J'ai avalé des pâtes, sardines à l'huile, saucisson, fromage, pain, chocolat, barre céréalière, café comme un ogre... Je pensais tomber à cause de la digestion mais ça allait en vérité. J'étais requinqué.
Catherine de sont côtés n'a rien avalé, hormis du thé. Elle préfère patienter au soir. Camille s'est fait une grosse salade sauvage avec du pissenlit, plantain et primevère. Stéphane a piocher un peu dans mon saucisson et a avalé un peu de chocolat. Je suis le seul à avoir vraiment fait un repas finalement
Et c'est là que j'ai été surpris, à l'arrivée, nous étions pile face à la voiture de Camille, au bord d'une route, derrière un portail. Comme quoi l'équipe d'E.N.S. avait prévu que nous arriverions ici même. C'est marrant
Retour sur Millau pour prendre une bière
, puis après s'être dit au-revoir, j'ai repris la route vers mon pays Aixois, très satisfait de mon week-end.
Merci encore Stéphane pour nous avoir préparé ce stage Perdition. C'est un vrai boulot que d'explorer le maximum de chemins et imaginer par où vont passer les stagiaires car nous aurions pu prendre des décisions complètement différentes.
Merci à Camille pour sa compagnie, sa connaissance des plantes et sa flasque de rhum pour tenir la veille
Merci à Catherine pour avoir été de bonne compagnie et bon esprit. A aucun moment nous ne nous sommes contredit ou pas écouté.
Stage Perdition d'Esprit Nature et Survie :
ben.