Il y a quelques mois déjà, nous étions plusieurs à vouloir participer au premier stage d'archerie primitive réalisé par l'équipe d'Esprit Nature et Survie.
C'était ce WE
Kasmo et moi sommes partis le vendredi soir après le boulot pour rejoindre le lieu du stage (4h de route) et retrouver Baroudeur, Sesska et PE déjà sur place.
Arrivée à la tombée de la nuit, montage rapide du camp puis enfin apéro / BBQ avec deux autres stagiaires venus la veille tout comme nous.
Trop content de rencontrer et retrouver PE, Baroudeur et Sesska, la veillée traine jusqu'à 1h30.
Le lendemain, branle-bas de combat, toute l'équipe d'ENS arrive sur place à 8h00 pétante accompagnée d'une tonne de matériel.
Nous, à peine réveillés, rejoignons tout ce petit monde pour faire connaissance (ou retrouver pour certains) Stéphane, Claude, Benoit et Camille ainsi que trois autres stagiaires.
Le ciel est bleu, pas de vent, soleil.
Rapidement (ou pas trop) nous nous mettons face à un panneau pour une explication rapide de ce qu'est un arc.
- Bander un arc c'est mettre en place la corde.
- Armer un arc c'est quand on tire la corde.
Puis deux groupes sont créés. Le premier travaillera sur la fabrication d'un arc, le second sur la fabrication d'une flèche. Le dimanche les deux groupes changeront d'atelier.
Je pars sur la flèche et c'est Claude en personne qui nous initie à cette activité.
Nous apprenons ce qu'est le fût, la pointe et le poids standard d'une flèche ainsi que son diamètre et l'importance du droit fil du bois.
Après quoi il nous faut choisir une branche la moins tordue possible et ensuite la travailler afin de la raidir à l'aide de la force, de la chaleur ou de quelques astuces de Claude.
Puis il nous montre et explique comment il fabrique sa propre colle naturelle à l'aide de goudron de pins, de colle de tendon et de cire d'abeille. Nous faisons mijoter le cocktail au bain-marie à l'aide du rocket stove de sa propre fabrication (Claude est un touche à tout et il va jusqu'à s'inventer ses propres outils )
Ensuite, nous apprenons à réaliser l'encoche pour la corde et, comment fixer la flèche en acier (dans le même sens que l'encoche il a dit !!!)
Midi arrive vite et ni une ni deux, nous faisons de la place pour nous mettre à table et être servis royalement par l'équipe de cuisine.
C'est du 4 étoiles les stages ENS ! On est outillé, nourri et formé tout au long du stage et dans une grande convivialité (suffit de voir les cubis... )
Après une bonne pause repas, chacun se remet à son atelier.
De notre côté nous devons travailler des tendons de bœuf afin de les défibrer et créer nos propres ficelles. Nous apprenons donc à quoi cela ressemble, comment les faire sécher, les défibrer, les délier et les réhydrater avant de faire nos ligatures.
Enfin, après avoir consolidé nos encoches et flèches, nous réalisons l'empennage à l'aide de plumes de dinde.
Mesure, découpe, fixation à la colle naturelle et au tendon.
Claude nous explique bien l'importance de la plume coq et l'écart entre elles.
Ça a été la partie la plus délicate à réaliser car les plumes ne sont bien évidemment pas droites et plates.
Entre temps, Camille et Stéphane ont nettoyé une bonne partie de la matinée des écorces de bouleau afin de nous montrer comment réaliser du braie de bouleau (une autre façon de faire de la colle naturelle vieille de plus de 200 000 ans) Pour cela, un feu intense de 2h est nécessaire et c'est Camille qui s'y colle.
Il est environ 17h quand nous sommes invités à tester quelques arcs de la fabrication de Claude. Un petit mais puissant et un longbow.
Je suis le seul de toute la compagnie à avoir réussi à planter ma flèche 10m devant la cible.
Enfin l'équipe d'ENS nous regroupe tous afin de lancer l'atelier de confection de nos propres cordes à l'aide de fils de lin et de chanvre.
Tous assis en cercle autour de Claude, nous apprenons à cirer, tresser et réaliser la boucle qui permettra d'attacher la corde à l'une des "poupées" de l'arc.
Nous finissons nos cordes en commençant l'apéro ou chacun échange sur ce qu'il a fait dans la journée.
Apéro bien entamé, il est presque 19h quand nous allons vérifier la récolte du braie de bouleau. Une huile noirâtre au fond d'un récipient enfoui dans la terre.
Cette huile peut être épaissie en la faisant mijoter sans la bruler et permet de créer une colle très dure qui casse. Pour l'assouplir, il est nécessaire de la mélanger avec soit de la résine, de l'argile ou encore de la cendre blanche...
Le soir, le cuistot nous lance des pizzas au feu de bois dans un four (made by Claude encore!) bétonnière
Veillée pleine de débats et discussions en grignotant des bouts de pizza et en buvant pastis, vins puis rhum pour certains.
Couchés pas tôt.
Lendemain matin, réveil en douceur par Stéphane qui fait le tour des tarps à 8h00.
Le vent s'est levé dans la nuit. Il a fait 10°C.
Nous rangeons nos affaires car il doit pleuvoir dans la journée.
Rapide petit déj' pour mon groupe car la fabrication d'arc étant bien plus longue que les flèches, nous nous mettons la pression pour finir avant la fin du stage.
C'est Benoit qui nous encadre pour cette activité.
Il nous explique comment choisir la longueur de notre bout de bois en fonction de l'envergure de nos bras tendus horizontalement puis l'importance de la partie appelée "Dos" pour la solidité de l'arc.
Les essences de bois que nous travaillons sont de l’érable principalement mais il y a aussi de l’Acacia et de l'If.
Très rapidement nous sommes tous confrontés aux nœuds où il est nécessaire de travailler finement afin de garder la même cerne et ne pas casser les fibres.
Benoit nous accompagne en expliquant qu'il y a le processus de fabrication mais aussi l'écoute des fibres du bois qui rentrent en jeu dans la confection de l'arc.
Nous ne pouvons pas toujours suivre le process si le bois décide qu'il veut légèrement vriller ou faire un "S" mais l'important est de garder la même cerne et se laisser guider par la matière fibreuse.
A l'aide de planes nous écorçons et rabotons nos bouts de bois. Certains plus que d'autres mais le résultat final fait à peu près la même largeur.
Nous définissons nos poignées et traçons les parties à retirer afin d’alléger et surtout de rendre souple le bois pour éviter les zones de tensions entre partie dure et partie trop fine.
Plutôt fier de moi, j'ai pris soin de travailler méticuleusement pour bien respecter les zones sensibles mais malheureusement au moment de tester la puissance de mon arc, je l'ai trop tendu et le bois a cassé net.
Au final sur 10 stagiaires, seulement 3 arcs pétés.
Les autres ont pu tester leurs fabrications (Arc, flèche et corde)
Le temps est devenu très maussade en fin de matinée et une belle tempête vent et pluie s'est abattue sur nous dans l'après-midi.
Fin du stage 17h, nous avons replié bagages et remercié toute l'équipe pour l'organisation de ce WE qui s'est déroulé dans la bonne humeur et la convivialité.
J'ai appris à travailler encore plus le bois, mais aussi les tendons, la colle naturelle et les plumes.
C'était très intéressant et c'est avec grande impatience que j'attends mon prochain stage chez ENS
Dernière édition par Tibaldog le Lun 23 Mai 2016 - 18:56, édité 4 fois