Un très court B-A BA sans prétention, histoire de lancer un sujet que je crois utile plus du point de vue de l'autonomie et de l'indépendance que du point de vue de la survie stricto-sensu.
Sans parler d'auto-construction, mais simplement de gros bricolage, avoir deux-trois notions de maçonnerie peut-être utile et limiter considérablement les coûts d'un recours à un professionnel.
Merci à Mutof pour sa relecture attentive et ses précisions !
1. Matériel
1.1. Ciment et chaux sont des produits irritants.
Un contact prolongé avec la peau occasionne de vraies brûlures, et un contact avec les yeux est vraiment dangereux. Donc, a minima, prévoir des gants, des vêtements couvrants (et, même en jean, ne pas s'agenouiller sur la dalle qu'on est en train de lisser !!). Prévoir aussi lunettes et masque car secs, ces produits sont très volatiles (2 moments sont particulièrement critiques : quand on verse le produit pour le mélanger et au moment de la mise en route de la bétonnière)
1.2. le ciment ou la chaux sont produits en faisant brûler du calcaire et de l'argile à haute température.
Le processus est lourd (jetez un œil sur wikipédia) et personnellement, je ne me vois pas le faire moi-même, mais si quelqu'un a un procédé simple permettant une production suffisamment significative pour être utilisable à un titre autre qu'expérimental et avec 8 personnes, je suis carrément preneur :-)
Plutôt que de faire soi-même du ciment ou de la chaux : à l'intérieur des murs, les anciens utilisaient simplement de l'argile pour jointer les moellons (parfois mélangé à du crin de cheval pour l'armer un minimum), l'extérieur des murs étant protégé par des enduits de chaux. Ça tient toujours debout, donc ça marche.
Cela implique qu'a priori, ciment ou chaux doivent être achetés. Pour savoir ce que l'on achète :
- Pour le ciment, Lafarge propose un petit récapitulatif utile ici : http://www.lafarge-france.fr/NORMES_a_savoir_GN.pdf en sachant que pour les usages courants des particuliers, les classes CEM I et CEM II sont bien suffisantes (coulage sur place, décoffrage rapide...)
- Pour la chaux : tant qu'il s'agit de monter un mur de moellons, le plus simple et le moins cher est de prendre de la chaux hydraulique (qui fait sa prise à l'eau par opposition aux chaux aériennes qui fait sa prise à l'air). Avec des moellons calcaires (tuffeau etc.) et pour une bonne respiration du mur, le mieux est de prendre une chaux hydraulique naturelle (sans argile). On réservera a priori les chaux aériennes (fleur de chaux, chaux en pâte etc.) à des usages d'enduit / laits de chaux.
1.3. un moyen de mélanger.
Pour un peu de mortier, un usage occasionnel, ou avec un peu de courage, une simple brouette peut suffire. On trouve aussi des « bacs à gâcher » larges qui permettent de faire le travail à la pelle.
Si les travaux sont plus massifs, ou pour faire du béton, une bétonnière devient vite nécessaire. Attention lors de l'achat : vérifier que l'engrenage circulaire qui fait le tour de la cuve est bien en métal (plus d’espérance de vie que le plastique). Puis penser à le graisser (pas d'huile, mais de la graisse universelle).
Une astuce bonne à prendre ? pour éviter de tout salir, il y a des professionnels qui placent la bétonnière dans un bac à gâcher.
Enfin, quand les besoins de béton excèdent 6 m3, demander des devis aux différentes entreprises du coin pour connaître le coût de la toupie peut vraiment valoir le coup – et pour un coût proche (si c n'est équivalent à celui des matériaux), éviter des lumbagos inutiles. Toupie ou pas, en tous cas, prévoir de nombreuses paires bras relève du bon sens et de la préservation de sa santé.
A noter aussi, si vous faites venir une toupie :
- que le béton peut sembler tirer vite : le gâchage a commencé au départ du camion... plus le camion vient de loin, plus le ciment a déjà commencé la prise
- que le camion aura besoin de nettoyer sa cuve. Mieux vaut prévoir un coin avec un polyane pour qu'il puisse le faire tranquillement.
1.4. Eau, sable, gravier etc.
Rien à dire de plus si ce n'est : un point d'eau proche est indispensable.
Pour le sable et le gravier : dès que la quantité devient grosse, cela vaut le coup de se faire livrer par la carrière du coin. Et de comparer très sérieusement le prix de la tonne livrée entre la carrière (ou la drague) du coin et les big bags de la grande surface de bricolage...
1.5. Autres outils et matériaux utiles
- une pelle
- des seaux ! En prévoir plusieurs simplifie la tâche.
- une brouette pour vider la bétonnière
- une truelle
- fer à joint / langue de chat pour les joints
pour une dalle :
- en intérieur et sur terre-plein – le terre plein doit être bien tassé et stabilisé - prévoir un film polyane sous la dalle pour éviter les remontées d'humidité. Pour l'isolation, on peut ajouter des panneaux de polystyrène extrudé.
- le cas échéant, planches (et huile) de coffrage
- un ou des des râteaux à béton
- une ou des règles de maçon de format adaptés à vos besoins
- une flamande est nécessaire pour le lissage.
- niveau et cordeaux
1.6. Préparation
Cela coule de source, mais ces travaux étant fatigants, mieux vaut avoir tout prévu avant de s'y mettre. Dans la mesure du possible, essayer d'organiser les choses pour limiter la manutention !
Treillis soudés, guides, joints de dilatation et coffrages devraient avoir été posés au plus tard la veille du jour où vous coulez votre dalle.
Attention en manipulant le treillis soudé : ça s'accroche partout, surtout dans la peau et dans les films polyane...
La base des guides, les éléments permettant de maintenir le treillis soudé à quelques cm du fond de votre dalle et les éventuels coffrages doivent être vraiment solides pour éviter les ennuis. (p. ex. ne pas s'imaginer qu'un contreplaqué d'un cm tenu avec des briques fera un coffrage digne de ce nom)
2. Formulaire
Il y a deux types formules à retenir :
a) celles qui permettent de doser ses mélanges ; attention avec les chiffres théoriques pour l'eau : tout dépend aussi de l'humidité du sable... on met facilement trop d'eau. Pour la chaux en particulier, mieux vaut en mettre trop peu et re-mouiller un peu ensuite.
Béton tous usages : 0,5 volume d'eau ; 1 volume de ciment, 2 volume de sable, 3 volumes de gravier.
Mortier ciment : 0,5 volume d'eau, 1 volume de ciment, 3 à 4 volumes de sable
Mortier de chaux : pour un volume de chaux, 2 à 3 volumes de sable.
Le support doit avoir été mouillé auparavant (idéalement, mouillé quotidiennement dans les trois jours qui précèdent).
b) Celles qui permettent de calculer le volume de matériaux nécessaire ;
étape 1 : calculer le volume de béton nécessaire (longueur *largeur *épaisseur)
étape 2 : à partir de là, évaluer les besoins : pour 1 mètre cube, on compte :
- pour du béton tous usages : 350 kg de ciment (donc, étant donnée la formule de mélange : 700 kg de sable, 1400 kg de gravier).
- pour du mortier ciment : 400 kg de ciment (donc, étant donné la formule de mélange, 1200 à 1600 kg de sable). A noter qu'un mètre cube de mortier vous permet de monter environ 550 parpaings de 20 cm d'épaisseur (ou 55 mètres carrés de mur).
- pour un mortier de chaux : la quantité nécessaire est plus délicate à estimer si vous avez un mur de pierres à rejointoyer ou un mur de moellons à monter (cela va dépendre de la profondeur des joints, de la taille des moellons etc.).
Un lien utile pour les formules :
http://www.toutcalculer.com/batiment/beton-et-mortier.php
3. Conservation
Attention pour les amateurs de stocks, les matériaux se conservent mal :
- Même avec deux couches de géotextile sous votre tas de sable ou de gravier, vous y verrez rapidement apparaître des herbes. Pour éviter cela, le mieux est aussi de mettre une bâche dessus. Je parle bien de géotextile, parce que mettre une bâche sous le tas de sable n'est pas forcément une bonne idée : si le sable reste trop longtemps en place, la bâche se détériore en lambeaux et se prend dans les racines ; pas idéal pour l'environnement et l'objectif n'est pas atteint.
- Les conditions de conservation et délais d'utilisation des ciments et chaux sont rappelées sur les emballages. L'humidité est le pire ennemi de la conservation de ces produits. Un stockage sur palette, au sec, et à l'abri est recommandé.
Bibliographie complémentaire : quelques ressources que j'ai personnellement trouvé pas mal fichues.
- le guide de maçonnerie des ciments clacia : http://www.ciments-calcia.fr/NR/rdonlyres/7C679981-4FED-4C1D-AE49-0EB3B79EFDFA/0/GuideMaconnerieCalcia.pdf
- un petit fascicule téléchargeable : http://www.infociments.fr/publications/ciments-betons/collection-technique-cimbeton/ct-b51
- Une fiche conseil... du ministère de la culture, sur les enduits à la chaux : http://www.culture.gouv.fr/culture/sites-sdaps/sdap69/Fiches_conseil/enduits_impr.pdf
- Ecole d'Avignon, Techniques et pratique de la chaux, Paris, Eyrolles 2003 : une référence passionnante et érudite : http://www.editions-eyrolles.com/Livre/9782212112658/
Sans parler d'auto-construction, mais simplement de gros bricolage, avoir deux-trois notions de maçonnerie peut-être utile et limiter considérablement les coûts d'un recours à un professionnel.
Merci à Mutof pour sa relecture attentive et ses précisions !
1. Matériel
1.1. Ciment et chaux sont des produits irritants.
Un contact prolongé avec la peau occasionne de vraies brûlures, et un contact avec les yeux est vraiment dangereux. Donc, a minima, prévoir des gants, des vêtements couvrants (et, même en jean, ne pas s'agenouiller sur la dalle qu'on est en train de lisser !!). Prévoir aussi lunettes et masque car secs, ces produits sont très volatiles (2 moments sont particulièrement critiques : quand on verse le produit pour le mélanger et au moment de la mise en route de la bétonnière)
1.2. le ciment ou la chaux sont produits en faisant brûler du calcaire et de l'argile à haute température.
Le processus est lourd (jetez un œil sur wikipédia) et personnellement, je ne me vois pas le faire moi-même, mais si quelqu'un a un procédé simple permettant une production suffisamment significative pour être utilisable à un titre autre qu'expérimental et avec 8 personnes, je suis carrément preneur :-)
Plutôt que de faire soi-même du ciment ou de la chaux : à l'intérieur des murs, les anciens utilisaient simplement de l'argile pour jointer les moellons (parfois mélangé à du crin de cheval pour l'armer un minimum), l'extérieur des murs étant protégé par des enduits de chaux. Ça tient toujours debout, donc ça marche.
Cela implique qu'a priori, ciment ou chaux doivent être achetés. Pour savoir ce que l'on achète :
- Pour le ciment, Lafarge propose un petit récapitulatif utile ici : http://www.lafarge-france.fr/NORMES_a_savoir_GN.pdf en sachant que pour les usages courants des particuliers, les classes CEM I et CEM II sont bien suffisantes (coulage sur place, décoffrage rapide...)
- Pour la chaux : tant qu'il s'agit de monter un mur de moellons, le plus simple et le moins cher est de prendre de la chaux hydraulique (qui fait sa prise à l'eau par opposition aux chaux aériennes qui fait sa prise à l'air). Avec des moellons calcaires (tuffeau etc.) et pour une bonne respiration du mur, le mieux est de prendre une chaux hydraulique naturelle (sans argile). On réservera a priori les chaux aériennes (fleur de chaux, chaux en pâte etc.) à des usages d'enduit / laits de chaux.
1.3. un moyen de mélanger.
Pour un peu de mortier, un usage occasionnel, ou avec un peu de courage, une simple brouette peut suffire. On trouve aussi des « bacs à gâcher » larges qui permettent de faire le travail à la pelle.
Si les travaux sont plus massifs, ou pour faire du béton, une bétonnière devient vite nécessaire. Attention lors de l'achat : vérifier que l'engrenage circulaire qui fait le tour de la cuve est bien en métal (plus d’espérance de vie que le plastique). Puis penser à le graisser (pas d'huile, mais de la graisse universelle).
Une astuce bonne à prendre ? pour éviter de tout salir, il y a des professionnels qui placent la bétonnière dans un bac à gâcher.
Enfin, quand les besoins de béton excèdent 6 m3, demander des devis aux différentes entreprises du coin pour connaître le coût de la toupie peut vraiment valoir le coup – et pour un coût proche (si c n'est équivalent à celui des matériaux), éviter des lumbagos inutiles. Toupie ou pas, en tous cas, prévoir de nombreuses paires bras relève du bon sens et de la préservation de sa santé.
A noter aussi, si vous faites venir une toupie :
- que le béton peut sembler tirer vite : le gâchage a commencé au départ du camion... plus le camion vient de loin, plus le ciment a déjà commencé la prise
- que le camion aura besoin de nettoyer sa cuve. Mieux vaut prévoir un coin avec un polyane pour qu'il puisse le faire tranquillement.
1.4. Eau, sable, gravier etc.
Rien à dire de plus si ce n'est : un point d'eau proche est indispensable.
Pour le sable et le gravier : dès que la quantité devient grosse, cela vaut le coup de se faire livrer par la carrière du coin. Et de comparer très sérieusement le prix de la tonne livrée entre la carrière (ou la drague) du coin et les big bags de la grande surface de bricolage...
1.5. Autres outils et matériaux utiles
- une pelle
- des seaux ! En prévoir plusieurs simplifie la tâche.
- une brouette pour vider la bétonnière
- une truelle
- fer à joint / langue de chat pour les joints
pour une dalle :
- en intérieur et sur terre-plein – le terre plein doit être bien tassé et stabilisé - prévoir un film polyane sous la dalle pour éviter les remontées d'humidité. Pour l'isolation, on peut ajouter des panneaux de polystyrène extrudé.
- le cas échéant, planches (et huile) de coffrage
- un ou des des râteaux à béton
- une ou des règles de maçon de format adaptés à vos besoins
- une flamande est nécessaire pour le lissage.
- niveau et cordeaux
1.6. Préparation
Cela coule de source, mais ces travaux étant fatigants, mieux vaut avoir tout prévu avant de s'y mettre. Dans la mesure du possible, essayer d'organiser les choses pour limiter la manutention !
Treillis soudés, guides, joints de dilatation et coffrages devraient avoir été posés au plus tard la veille du jour où vous coulez votre dalle.
Attention en manipulant le treillis soudé : ça s'accroche partout, surtout dans la peau et dans les films polyane...
La base des guides, les éléments permettant de maintenir le treillis soudé à quelques cm du fond de votre dalle et les éventuels coffrages doivent être vraiment solides pour éviter les ennuis. (p. ex. ne pas s'imaginer qu'un contreplaqué d'un cm tenu avec des briques fera un coffrage digne de ce nom)
2. Formulaire
Il y a deux types formules à retenir :
a) celles qui permettent de doser ses mélanges ; attention avec les chiffres théoriques pour l'eau : tout dépend aussi de l'humidité du sable... on met facilement trop d'eau. Pour la chaux en particulier, mieux vaut en mettre trop peu et re-mouiller un peu ensuite.
Béton tous usages : 0,5 volume d'eau ; 1 volume de ciment, 2 volume de sable, 3 volumes de gravier.
Mortier ciment : 0,5 volume d'eau, 1 volume de ciment, 3 à 4 volumes de sable
Mortier de chaux : pour un volume de chaux, 2 à 3 volumes de sable.
Le support doit avoir été mouillé auparavant (idéalement, mouillé quotidiennement dans les trois jours qui précèdent).
b) Celles qui permettent de calculer le volume de matériaux nécessaire ;
étape 1 : calculer le volume de béton nécessaire (longueur *largeur *épaisseur)
étape 2 : à partir de là, évaluer les besoins : pour 1 mètre cube, on compte :
- pour du béton tous usages : 350 kg de ciment (donc, étant donnée la formule de mélange : 700 kg de sable, 1400 kg de gravier).
- pour du mortier ciment : 400 kg de ciment (donc, étant donné la formule de mélange, 1200 à 1600 kg de sable). A noter qu'un mètre cube de mortier vous permet de monter environ 550 parpaings de 20 cm d'épaisseur (ou 55 mètres carrés de mur).
- pour un mortier de chaux : la quantité nécessaire est plus délicate à estimer si vous avez un mur de pierres à rejointoyer ou un mur de moellons à monter (cela va dépendre de la profondeur des joints, de la taille des moellons etc.).
Un lien utile pour les formules :
http://www.toutcalculer.com/batiment/beton-et-mortier.php
3. Conservation
Attention pour les amateurs de stocks, les matériaux se conservent mal :
- Même avec deux couches de géotextile sous votre tas de sable ou de gravier, vous y verrez rapidement apparaître des herbes. Pour éviter cela, le mieux est aussi de mettre une bâche dessus. Je parle bien de géotextile, parce que mettre une bâche sous le tas de sable n'est pas forcément une bonne idée : si le sable reste trop longtemps en place, la bâche se détériore en lambeaux et se prend dans les racines ; pas idéal pour l'environnement et l'objectif n'est pas atteint.
- Les conditions de conservation et délais d'utilisation des ciments et chaux sont rappelées sur les emballages. L'humidité est le pire ennemi de la conservation de ces produits. Un stockage sur palette, au sec, et à l'abri est recommandé.
Bibliographie complémentaire : quelques ressources que j'ai personnellement trouvé pas mal fichues.
- le guide de maçonnerie des ciments clacia : http://www.ciments-calcia.fr/NR/rdonlyres/7C679981-4FED-4C1D-AE49-0EB3B79EFDFA/0/GuideMaconnerieCalcia.pdf
- un petit fascicule téléchargeable : http://www.infociments.fr/publications/ciments-betons/collection-technique-cimbeton/ct-b51
- Une fiche conseil... du ministère de la culture, sur les enduits à la chaux : http://www.culture.gouv.fr/culture/sites-sdaps/sdap69/Fiches_conseil/enduits_impr.pdf
- Ecole d'Avignon, Techniques et pratique de la chaux, Paris, Eyrolles 2003 : une référence passionnante et érudite : http://www.editions-eyrolles.com/Livre/9782212112658/
Dernière édition par f(x) le Mar 22 Oct 2013 - 18:04, édité 1 fois