+1 avec Tdes.
Et puis, il y a la société dans laquelle nous sommes qui les a "rejeté". Avant, du moins, c'était encore le cas pour la génération de mes grands-parents, les enfants reprenaient leurs parents chez eux, ils "servaient" encore à quelque chose: ils aidaient à la maison, pour les enfants, le ménage, le potager, le bricolage, etc. Ils ne s'en portaient que mieux car après la retraite, on peut vite tomber dans "l'ennui", avoir l'impression de ne plus servir à rien, et déprimer, se laisser aller... Aujourd'hui, les vieux sont casés dans des homes où ils sont assistés: on ne les considère plus comme personnes autonomes mais comme des poids morts dont il faut s'occuper. Alors, bien entendu la population est vieillissante et aujourd'hui, le recul de l'espérance de vie a fait en sorte que ce seraient des personnes du 3ème âge qui reprennent les personnes du 4ème âge mais... C'était déjà le cas avant! Mais le stress, les conditions de vie ne sont plus les mêmes et nous n'avons plus le temps pour eux. Bref, évidemment, qu'en se sentant rejetés, ils n'ont pas vraiment envie de faire confiance et ne veulent plus partager... On les infantilise facilement, déjà rien que dans notre façon d'être: On voit un petit vieillard qui se soulève d'un banc, on a envie d'engager la conversation et pour la mettre en route, on va lui proposer notre aide... Beh c'est déjà cuit pour engager une conversation, le petit vieux sait déjà que tu l'as qualifié de grabataire. Une chose apprise en gériatrie: la personne âge est un adulte AU-TO-NO-ME. Si on ne perd pas cela de vue tout va bien...
Je vous renvoie vers le film "Tatie Danielle" qui montre bien la dérive qu'une infantilisation des proches envers une personne âgée peut pousser cette personne à se refermer sur elle-même et à devenir méchante.
Et puis, ils ne sont pas pédagogues non plus. Quand j'allais aux champignons avec mon grand-père, il ne me disait pas "celui-la est un cantharellus cibarius, on le distingue facilement de l'hygrophoropsis aurantiaca car il a des plis et non des lamelles, la couleur est légèrement différente également, et blablabla", non, c'était plutôt du genre "la girolle là, tu la prends, pas la fausse girolle à côté!", pour les explications, je pouvais courir!
Mais à force de ramasser les mêmes champignons avec lui, tu les distinguais vite pour finir et c'est toi-même qui en faisait la distinction et repérait les différences et si tu voulais un complément d'information, tu prenais ton encyclo...
Aujourd'hui, nous le sommes peut-être plus (pédagogues), enfin, je pense à des personnes comme nous, qui avons conscience de la valeur du savoir... Quand je vais aux champignons avec mon fils de 8 ans, je lui explique les différences entre les divers champignons: à distinguer les comestibles des toxiques, des dangereux et des "sans valeur culinaire". Il y a encore du boulot bien entendu, il n'en n'est qu'au "début", à savoir: les pieds-de-moutons, les girolles, les coprins chevelus, les agarics champêtres et les chanterelles en tubes. Ce sont les plus faciles. Il a encore du mal pour les bolets bais, les lacqués améthystes et les cèpes de Bordeaux. Puis ce sera d'autres étapes qui viendront: les morilles, le morillon, la verpe de Bohême, puis les pezizes veinées et orangées, puis les craterelles, les différents bolets autres que le bai et le cèpe de Bordeaux, et ainsi de suite jusqu'au moins évident dans les "faciles" : le tricholome de la Saint-Georges. Cela nous fera rester dans les plus faciles et cela en fait déjà pas mal, il se retrouvera avec une cinquantaine de champignons comestibles qu'il arrivera à distinguer des "mauvais", et étant donné l'apprentissage des confusions qui sont possibles, il pourra également repérer les mauvais. Mais il y a encore du chemin à faire, et cela, seule la pratique à force de venir avec moi dans les bois mettra l'expérience en place... Comme mon grand-père!